06 juillet 2002

Silvan - Malabadi

Retour a la maison des enseignants ou nous attend Aziz, un prof de chimie qui parle tres bien anglais (il l'a appris tout seul). Il nous confirme que Silvan a bien changé, meme si la situation politique s'est un peu améliorée depuis 3 ans. Le probleme c'est que dans le meme temps, la situation économique s'est considérablement dégradée. Lui fait des heures sup pour s'en sortir, mais beaucoup n'ont pas cette possibilité : le responsable a tout faire du lieu par exemple qui travaille de 8 h du matin jusqu'a 10 h du soir gagne 200 € par mois, et les paysans sont employés dans les champs pour 3 millions par jour (environ 2 €). Les enfants ne suivent pas a l'école (la plupart travaillent au dehors pour survivre) et n'ont aucune motivation, ce qui provoque un affaiblissement intellectuel grave et malheureusement quasi général.
Il nous apprend que si on ne trouve plus que des kebap et des doner, c'est que les touristes ne veulent rien d'autre et les commerçants suivent... Il se désole aussi de la condition féminine : quoi que les hommes fassent ou disent, les femmes refusent de se prendre en charge meme un minimum. Elles exigent d'etre toujours accompagnées par un homme, meme pour une sortie de quelques kilometres : ça confirme les écrits d'Apo sur le sujet (dommage qu'il n'ait pas une vision aussi nette en politique) et explique aussi pourquoi on les fascine tous ici.
Le lendemain matin, pastane (10 millions : cake, petits pains... et 7 nescafés), puis on rejoint Aziz qui nous emmene chez un aga (facho parait-il) pour visiter une vieille demeure (en fait, elle n'a que 150 ans et est dans un état lamentable). Un vieux nous demande en kurde (on fait semblant de ne pas comprendre) si on connait Kendal qui est un voisin (pourquoi tu ne nous as pas dit que tu étais d'ici ???)... On va voir le FAN-TAS-TI-QUE vieux pont de Malabadi... qui n'offre qu'un intéret extremement limité, mais bon, que ne ferait-on pas pour notre institut préféré... puis les restes de la citadelle qui eux méritent qu'on s'y attarde.
Le soir, diner en plein air (j'ai froid, ce qui ne va pas arranger la fievre que j'ai depuis 2 jours) devant un match de foot avec un prof d'anglais, Aziz et le 'facho' qui semble tres content quand je fais remarquer qu'entre le drapeau (vert) dont ils m'ont forcée a m'envelopper, la couverture (jaune) qu'ils ont tenu a rajouter et la chemise (rouge) de Sandrine, on a un tres joli drapeau.
Le lendemain, nous partons pour Siirt (1 million, ça me parait un peu bizarre vu la distance) en dolmus : a ce sujet, les dolmus vous accompagnent un peu partout et n'hésitent pas a faire des détours pour conduire les passagers a leur destination. Une femme monte, mais mon voisin refuse de lui laisser la place pres de moi. Le chauffeur lui rappelle que ça ne se fait pas de s'assoir a coté d'une inconnue, mais il s'obstine : je ne risque rien, la preuve, il est haci (il devra quand meme céder sous peine de se faire écharper par la vieille qui veut absolument cette place et pas une autre) !
Sur la route, je me rends compte du pourquoi du prix du dolmus : ces abrutis nous ont embarquées pour Hasankeyf ! On leur a bien dit 5 fois SIIRT et Hasankeyf YOK, mais des que quelque chose sort de leurs schémas habituels, ils ne comprennent plus rien : on est touristes, DONC on va a Hasankeyf ! Idem au resto : ils demandent toujours si on veut de la salade et on refuse toujours. Ils en apportent quand meme vu que TOUT LE MONDE mange l'habituelle salade au resto. Avoir un seul thé alors qu'on est 2 releve également de l'exploit, ça fait d'ailleurs longtemps qu'on a renoncé...
Donc a Hasankeyf, on reprend un dolmus pour faire le chemin inverse, puis direction Siirt (86 km - 2,5 millions - 1 h 20 - 108 000 habitants). On opte pour l'otel Erdef (50 millions) pres de la mairie et du HADEP. C'est un peu cher pour le coin, mais la chambre et la salle de bain sont spacieuses et il y a la clim : a son ouverture, ça devait etre un hotel de luxe, mais depuis 1974, il s'est un peu défraichi. Le réceptionniste nous demande d'un air mauvais ou on va quand on sort pour diner. Ce pays est fantastique : les mouchards collabos sont moches et hargneux (tout juste s'ils ne portent pas une étiquette), et les keufs sympas sont de beaux gosses made in Antalya. Celui-la étant de la 1ere espece, on le remet a sa place.
Repas poulet, salade, soda (eau gazeuse), thé : pas génial (4 millions pour 2), puis internet café. Ca rame et blogger refuse une nouvelle fois de coopérer : on préfere laisser tomber. Au fait, j'en profite pour rassurer mes correspondants : je lis bien tous mes mails, mais je ne peux pas passer une demie heure a répondre a chacun (en plus juste pour une ligne), mais promis, des que ça fonctionnera un peu mieux...
En rentrant, le comité d'accueil nous attend depuis 4 heures. Discours habituel et purement pour la forme qui commence par ''Bienvenue a...'' et se termine par ''Pouvons nous faire quelque chose pour vous''. Entre temps, les éternelles questions, avec une variante : ou étions nous passées pendant tout ce temps (sont pas difficiles a semer) ? Ils demandent l'autorisation de faire des photocopies de nos papiers (diraient quoi si on refusait ???), ce qui leur prend un temps incroyable : vu l'heure, ils ont du réveiller un responsable de magasin de fotokopi... En revenant, ils passent 20 mn a comparer les originaux avec les photocopies, pour vérifier que les renseignements sont bien les memes sur les 2 documents ! Ils se font a 4 une réunion au sommet pendant qu'on est tranquillement installées et carrément pliées de rire. Le chef tient a me rassurer : il n'y a aucun probleme avec mon passeport (au cas ou j'aurais eu la moindre inquiétude et que les dizaines de controles se soient plantés).

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