A peine réveillée, mon guide d'hier m'appelle pour me prévenir qu'il m'attend dans le salon de l'hôtel. Le temps de prendre une douche et de descendre, il a encore disparu : ça commence a devenir zarbi cette manie !
Apres le petit dej, n'ayant donc plus de rendez-vous, je passe un coup de fil a Selim, ravi que je sois toujours la. On va faire un tour au barrage a quelques kilometres : pas tres grand, beaucoup moins impressionnant que celui de Keban par exemple. Des Kurdes nous arrêtent dans notre balade : ils tiennent absolument a ce que je partage leur pique-nique. Apres 3 refus, ça va plus vite d'accepter, d'autant qu'ils sont fermement décidés a ne pas comprendre !
Ils signalent a mon guide que le site de Marine dont on m'avait déja parlé n'est pas tres loin. Je dois normalement y aller cet aprem avec Suleyman qui doit m'attendre a mon hôtel. On récupere un copain en chemin et apres quelques recherches pour trouver la bonne route, on prend une piste de plusieurs kilometres sans croiser personne.
Au bout, il y a quand même quelques rares paysans qui vivent dans une solitude poussiereuse et etouffante. Cet ancien village arménien a dû être prospere si on en juge par ses nombreuses maisons en pierres blondes. Malheureusement, l'armée est passée par la il y a une 10e d'années et a tout détruit, y compris le monastere.
Les Kurdes s'étant visiblement passé le mot pour me faire grimper le plus haut possible, cette fois je ne me pose pas de question sur la façon de redescendre : je demande de l'aide, d'autant que même eux ont tendance a déraper.
Sur le chemin du retour, 2 gardiens de village, fusils en bandouliere, surveillent a cheval la récolte de coton, probablement pour le compte d'un grand proprietaire terrien.
Des dizaines de camions de compagnies pétrolieres vont en Irak pour se ravitailler en pétrole : un vrai défilé !
On fait un détour par Odabasi pour voir l'église orthodoxe St Abraham (Mor Abrohom). Elle a été bâtie il y a 35 ans et ne présente donc pas un intérêt particulier a part le fait d'exister.
Deux rouquins avec un accent belge pas possible (ici, ça fait tres exotique) m'expliquent qu'ils sont nés la. Partis en Belgique il y a 22 ans, c'est la premiere fois qu'ils reviennent au pays. Ils ont fait le tour de la plupart des églises de la région et sont effarés : "Ils ont pratiquement tout détruit !". J'ai tres peu de temps pour discuter avec eux (ils sont araméens et parlent leur langue maternelle) avant que mes 2 Kurdes ne m'enlevent : ils viennent brusquement de se souvenir qu'ils ont un truc urgent a faire... ailleurs !
Avant de rentrer, on fait une halte pour faire laver la voiture qui est couverte de poussiere rouge. J'en profite pour aller voir de plus pres un champ de coton juste a côté. Le propriétaire vient me voir (en me répétant toute les 30 secondes que je suis çok güzel), tres fier de son exploitation et de sa grande maison qu'il me désigne un peu plus loin. Comme je lui fait remarquer que la culture du coton est particulierement difficile, il me fait une démonstration de cueillette. C'est vrai qu'avec l'habitude c'est tres rapide, mais courbé en 2 toute une journée sur des milliers de plants et sous un soleil de plomb... Je repars avec le fruit de sa récolte improvisée...
On termine la soirée par un pique-nique chez un ami qui s'étonne : on a eu de la chance, il y a tres peu de temps c'est l'armée qui nous aurait accueillis a Marine... et difficile de faire croire au hasard !
J'ai fini par localiser Hasana (pas sur les cartes) qui doit se situer entre Cizre et Silopi. Le village a été détruit et il est plus que fort probable que l'église ait subi le même sort. Pas vraiment nécessaire donc de faire le détour, des ruines j'en ai déja plein mes albums ! Et puis les Kurdes ne veulent pas que j'aille a Silopi : le PKK continue ses conneries...
Selim qui m'attendait pour me dire au revoir précipite les adieux : il a les larmes aux yeux parce qu'on ne va plus se voir ! Avec eux, les départs me filent toujours le bourdon ! Qu'ils aient 20 ou 60 ans, même avec tout ce qu'ils ont vécu, il leur suffit de partager quelques heures pour qu'un départ se transforme en drame déchirant.
Vers minuit, SMS : "Dors-tu ? Je n'ai pas sommeil". Ben oui, enfin presque, je suis completement HS ! 2e message : un simple "bonne nuit" auquel je ne réponds pas, avec le sentiment de m'être encore une fois transformée en bourreau !
... Je garderai de Nusaybin la Chaleureuse un souvenir particulierement émouvant (je sais, je radote...).
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