Pendant que la journaliste de choc va interroger des femmes grévistes de la faim (projet de Constitution), nous allons faire un tour en ville. C'est poussiéreux, pas vraiment esthétique, mais nous n'avons pas le temps de voir grand chose : il faut retourner à l'hôtel pour aller chercher la "dame" qui est mécontente parce qu'elle vient de louper son sujet. A mon avis, les manifestantes ont préféré aller se faire une bouffe quand elles l'ont vue arriver !
Sur la route de Salahadin, arrêt photo au lac Dukan. Elle qui ne descend jamais de voiture pour s'intéresser au paysage (préfère lire son journal d'un air méprisant) sort un petit numérique pour faire des photos, comme elle a dû le faire à Hasankeyf, tout en prétendant avoir besoin des miennes à plusieurs reprises, alors que je ne lui ai jamais rien demandé : sur la parole des journalistes en général, je sais à quoi m'en tenir ! A part essayer de soutirer des infos et des contacts en prenant les autres pour des pigeons, pas la peine d'en attendre beaucoup plus !
La route de Salahadin est soit disant brusquement fermée (ben voyons !) et Ahmet referme désormais systématiquement ma fenêtre pour m'empêcher de photographier la zone outrageusement PDK que nous traversons.
On va donc à Erbil sans rien visiter au passage. La teigne qui ne digère pas que je ne lui ai pas apporté mes contacts sur un plateau continue a m'agresser à la moindre occasion.
Je mets donc les choses au point. Elle vient de nous faire perdre 24 h, et j'en perdrai au moins autant à Batman où j'ai prévenu à sa demande que je passerai pour la présenter (et où je suis donc obligée d'aller) : Madame ne peut plus y aller, elle doit à la date convenue accueillir un ami à Istanbul. Elle m'a fait louper Harput pour être à temps à son rendez-vous Hasankeyf où elle n'a pas jugé utile d'être : plus urgent d'aller rejoindre des amis que de respecter ses engagements. Quant à "ses" contacts qu'elle a reproché à Tom de vouloir utiliser, je lui rappelle d'où ils viennent : quand on n'est même pas capable de trouver le numéro du GRK à Paris, on évite de se la ramener !
Elle se défend par un "J'ai un article à rendre, c'est peut être vous qui allez le faire ?" sans envisager une fraction de seconde que ce n'est absolument pas notre problème, qu'on est là pour être avec les Kurdes et faire des photos du Kurdistan, et qu'elle justifie son salaire, fasse du crochet ou une tarte aux pommes, on s'en fout royalement !
Un "Exact, je ne ferai pas ton article : perso, j'évite de faire de la merde !" lui coupe le sifflet pour l'instant.
A Erbil, on file avec Tom à la citadelle. C'est plein de gosses craquants : j'en profite pour réclamer des bisous entre 2 photos.
L'attaché en communication, qui prétendait ne nous accorder que quelques minutes dans ce lieu de perdition, se triture la moustache d'un air impuissant !
Il nous a fait savoir que si on tenait à dormir ici, on devrait payer notre hôtel : ouf, on peut enfin aller changer de l'argent et donc retrouver notre indépendance !
Finalement, l'hôtel que nous choisissons ne leur convient pas : Ahmet vient nous chercher ! Ca sera plus facile de se tirer demain matin, donc, plus forcés qu'autre chose, on le suit à l'hôtel Avesta, UPK malgré la photo de Massoud Barzani dans le hall.
Vers minuit, on doit brusquement aller à la police pour obtenir un laissez-passer (qu'il ne viendra jamais à l'idée de personne de nous demander) et donc laisser en échange le papier reçu à la frontière qui lui est indispensable.
L'envoyée (plus que) spéciale du Monde retarde le départ pour surfer sur Internet. On patiente en dînant : ça l'arrange, elle préfère généralement manger seule, notre vue et celle des Kurdes lui coupant visiblement l'appétit ! Pendant qu'elle se met à son tour à table, j'en profite pour envoyer un SOS à Khasro, actuellement en Finlande et pas chez lui à Salahadin (mais toujours efficace), ce qui fait surgir l'image parfaite de la prétention frustrée qui laissant de côté son repas préfère venir me gonfler que je fais attendre tout le monde !
Je me marre : elle est persuadée que les Kurdes, conscients de son importance, se mettent en 4 rien que pour elle ! J'ai une autre théorie, dictée par une fréquentation assidue, concernant notre escorte : "amie Barzani, nous montrer nous mieux et voler à eux...".
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