En cherchant une carte de l'Irak dans une boutique, le vendeur nous propose un taxi gratuit. En fait, avec un petit aménagement du réservoir, le voyage approvisionnement en essence est tres largement amorti.
Notre chauffeur s'arrête plusieurs fois pour réparer sa voiture qui empeste tellement l'essence qu'exceptionnellement je m'abstiens d'allumer une clope !
Il fait une chaleur étouffante, une poussiere grise emplit l'air, et des kilometres de camions attendent de passer la frontiere. La zone est d'une pauvreté désespérante.
Notre chauffeur nous laisse a un petit abri thé pour aller remplir les premieres formalités : pas les dernieres ! 3 h 30 d'aller-retour dans différents bureaux pour avoir enfin le tampon de sortie, avec des douaniers méprisants et plus que désagréables.
Mon portable sonne. Un illustre inconnu me demande en anglais si je vais bien : je passe a Tom qui parle largement mieux que moi (pas difficile !) : on nous attend de l'autre côté de la frontiere.
On passe enfin : drapeau du Kurdistan en vue ! L'émotion me fait monter les larmes aux yeux : va falloir que je fasse gaffe a ne pas tourner midinette !
Entre les 2 frontieres, c'est le jour et la nuit. Ici, tout est accueillant, ça sourit de tous les côtés, et je suis tres agréablement surprise de la propreté et du bon goût qui regnent partout.
Ca se confirmera par la suite : les Kurdes ont bien bossé en un peu plus d'une décennie et réussi a faire un pays vraiment joli et agréable. Même si il y a encore du travail, les montagnes sont verdoyantes, les champs cultivés, les rues propres, les maisons de bon goût (ça change du kitsch turc) et sourtout, quel bonheur de les voir enfin chez eux, détendus et souriants.
Ici, ils ont su garder leur culture, tout en intégrant le modernisme. Dans les villages, de jolies paysannes ont conservé leur élégant costume traditionnel : un vrai régal que je consomme sans la moindre modération !
On file au bureau des relations publiques ou nous attend le PDK qui nous accompagne au pont de Zakho construit par Delal il y a 700 ou 800 ans.
Par un tour de passe-passe que je me promets d'éclaircir un de ces 4, c'est l'UPK qui nous accompagne a Duhok (environ 700.000 habitants).
La ville est moderne et sympa. Les keufs aux contrôles (qui consistent principalement a faire coucou avec un grand sourire) sont mignons comme tout : le Kurdistan a la police et l'armée les plus craquantes au monde (sans le moindre parti pris de ma part, promis, juré) !
Abdulbari (m. Alzebari, mais on va abréger) nous attend. Il dirige le bureau UPK de Mossoul et nous emmene dans une ancienne base militaire de Saddam, transformée en parc d'attraction : Dream city.
Je peste contre les journalistes qui arrivent ici avec des idées préconçues et la ferme intention de repartir avec : même pas foutus de voir ce qui creve les yeux, la misere et la guerre étant probablement plus rentables !
Dîner en famille au cercle des avocats dans un jardin a la fraicheur bienvenue.
Abdulbari ne croit pas un seul instant que ces féodaux du PDK soient pour quoi que ce soit dans notre présence ce soir. Ca confirme qu'il y a eu un cafouillage quelque part pour qu'apres un appel au bureau PDK d'Ankara (numéro donné par Saywan a Paris), nous soyons les invités de l'UPK...
Peu importe pour l'instant, la soirée est sympa et je peux poser en vrac toutes les questions que je veux.
Dans le désordre :
- Le symbole de l'oiseau (sacrifice) et du serpent (royaume) caractérise le courage et la ruse des Kurdes capables au besoin de se sacrifier pour leur peuple. En kurde, l'oiseau s'appelle anka, il se sacrifie pour ses petits, mais je vois mal le pélican représentatif ici, la mer étant un peu loin.
- Le salaire moyen au Kurdistan est de 200 dollars. Les militaires payés par le gouvernement central gagnent 300 dollars, les peshmergas rémunérés par les partis entre 170 et 200 dollars.
- Pour les revenus du pétrole, 5 % vont aux habitants, 60 % sont destinés au Kurdistan et 35 % au gouvernement iraquien. Les Kurdes demandent que les revenus soient proportionnels au pourcentage de la population et pensent que ça va être accepté puisque juste... je garde pour moi mes doutes sur le sujet.
- Les Kurdes des autres pays peuvent contacter le bureau de l'immigration si ils veulent s'installer ici. Seule condition, ne pas avoir participé a des actions terroristes.
Avant de partir a l'hôtel, en fait un chouette appartement que nous a fait réserver Abdulbari, il nous propose de l'accompagner demain a Mossoul. Tout est prévu pour notre sécurité, dans la limite du possible évidemment.
J'avais promis a Tom d'éviter les zones a risque, mais c'est trop tentant ! Il décide de suivre.
Ici, il est 2 h de plus qu'en France et donc une de plus qu'en Turquie.
Apres avoir préparé le matériel, il me reste 2 h a dormir : pas aujourd'hui que je vais rattraper un retard aussi chronique que le trou de la sécu !
Ahmet, notre chauffeur garde du corps, dort dans la piece a côté, Tom a une chambre avec un grand lit, et ma jolie chambre affiche une clim a 18 degrés ! Le tout est un peu superflu vu le peu de temps qu'on pourra en profiter, mais je peux recharger les batteries de tous mes appareils (prises aux normes GB généralement équipées d'adaptateurs).
A en juger par vos articles,vous avez plutôt passer un bon séjour dans mon pays!En tout cas j'espère que vous n'êtes pas déçus du voyage.
RépondreSupprimerDommage que votre séjour soit si encadré par les agents des partis politiques et que vous n'ayez visité que les grandes villes.
Avec une journaliste en plus,c'était la totale!!
Avec un peu plus de liberté de mouvement,vous auriez découvert de magnifiques villages et fait des rencontres très intéressantes.
La prochaine fois peut-être...
C'était super, mais justement, il n'y a plus qu'à y retourner !
RépondreSupprimerJe compte bien m'organiser pour la (très) prochaine fois, mais pour une première plus que rapide, je suis ravie des photos... le repérage a été plus que fructueux !
Alors j'aurais peut-être la chance de me faire photographier la bobine à Duhok comme tous ces gamins d'Erbil!!lool
RépondreSupprimerChic, de l'aide pour l'organisation !!!
RépondreSupprimerDuhok, on n'a fait que passer et en soirée, donc je ne suis pas contre un guide pour tout visiter !
retour imprévu au Kurdistan,jeudi prochain (22 septembre).
RépondreSupprimerje resterai à Diyarbakir jusqu'au 23 au soir.Le lendemain je prendrai la longue route pour Ibrahîm Xelîl,puis Duhok.
Un retour un peu particulier...
Retour ou voyage ? Pas de mauvaises nouvelles j'espère !
RépondreSupprimerDans tous les cas, on pensera à toi...
Disons que j'y retourne pour quelque temps mais j'aurais aimé que ce soit dans d'autres circonstances.
RépondreSupprimerEn fait un de mes proches est décédé la semaine dernière dans un CHU de Toulouse.Sa dernière volonté était,"au cas où les choses se passaient mal",qu'il soit enterré à Xrabey,c'est un petit village qui se trouve à environ 15 minutes de Amêdî à vol d'oiseau.C'est là bas qu'il avait grandi.
Après une semaine difficile nous avons effectuer les démarches pour rapatrier la dépouille mortelle.
Nous sommes 3 à l'accompagner.
Voilà pourquoi c'est un peu particulier.
Condoléances Duhok sincèrement désolé. Profite quand même du Kurdistan.
RépondreSupprimerLe problème pour notre voyage était l'absence de moyens de transport. Ca coute cher le taksi, et il ne semble pas qu'ils aient inventé le Dolmus...comment faire? Camion Stop? La prochaine fois il faut clairement faire plus de villages...
tom
merci Tom.
RépondreSupprimerje suis au Kurdistan depuis une dizaine de jours.C est fou tous les changements qu il y a eu ici depuis l annee dernire.
Mais les policiers kurdes sont toujours aussi sympa lors des controles,je vous assure!!!!