13 mai 2007

Paperasse, Yézidis, Chrétiens et whisky

Avec l’orage tempête d’hier, il n’y a pas d’électricité ce matin. Quand elle arrive, la chaudière s’étant probablement arrêtée, il n’y a pas non plus d’eau chaude, puis plus d’eau, sauf à un robinet séparé, mais elle est glacée. On a connu pire en Turquie, donc on fait stoïquement avec avant d’aller prendre un petit déj. Au Safeen Restraunt (restaurant touristique) : soupe, grands thés, Kiri, miel, yaourt frais, olives, tomates, pain, bas-beurre, eau. Copieux et excellent pour 10.000 dinars.
De temps en temps, il y a des coupures d’électricité, mais ça ne dure généralement que quelques secondes. Rien à voir avec la Turquie, y compris Istanbul, où il est courant de n’avoir ni eau ni électricité pendant deux ou trois jours : dur l’hiver quand en plus le chauffage en dépend. Ici, personne n’a l’air d’y prêter attention, les micro-coupures n’étant vraiment dérangeantes que quand vous venez de terminer un post et que l’ordi boot avant qu’il ne soit sauvegardé !
Visite à l’antenne locale du Ministère de l’Intérieur pour mettre nos passeports en règle. Il faut remplir de la paperasse (avec timbre fiscal et photo) pour tout séjour supérieur à dix jours. Sandrine n’ayant pas de photo, ils en font sur place ce qui nous évite la chasse au photomaton. Avec les deux timbres fiscaux et ses quatre photos d’identité, ça fait 7.000 dinars pour les deux passeports… et 2 h 30 d’attente, l’obtention du tampon final nécessitant 5 minutes kurdes nous prenant plus d’une heure. Les jeunes gardes sont ravis, ça leur permet de nous installer des chaises à l’ombre et de tromper l’ennui en bavardant. Le Kurdistan étant plus efficace que le meilleur des chirurgiens esthétiques parisiens, ils ne nous donnent pas plus de 20 ans, mais contrairement à leurs compatriotes de Turquie, ils ont l’air de trouver ça naturel.
On retourne au motel chercher nos sacs pour les déposer au centre yézidi et pour aller saluer le Pir qui a appelé plusieurs fois aujourd’hui et se désole qu’on ne lui ait pas demandé pour les formalités. Evidemment, comme en plus d’être Pir il est également député, ça aurait pu aider.
Taxi pour Zakho (45 mn, 35.000 dinars) qui nous dépose à l’hôtel Cham (30.000 dinars). Comme Sandrine ne sait pas dire évêque en kurde (visiblement le mot n’existe pas de toute façon), elle demande à la réception s’ils savent où trouver Mar Patros Harboli. Ils finissent par comprendre que nous cherchons «grande barbe» : en fait, les évêques de notre connaissance n’ont pas de barbe, sauf les orthodoxes, mais comme ça tout le monde comprend qui nous cherchons.
Le réceptionniste indique le chemin au chauffeur de taxi, mais comme il n’a pas l’air de tout comprendre, on l’arrête à la première soutane.

Nous sommes bien près de l’évêché construit il y a un an et demi (cadeau du Gouvernement), mais son évêque (ordonné en 2002 devant 7।660 personnes) est pour l’instant à l’église. On nous conduit là-bas et il nous reçoit avec un «Qui êtes-vous ?», avant de nous faire la bise quand il apprend que nous sommes des amies de son cousin. On va ensemble voir un village chrétien proche dont il surveille les travaux de restauration de l’église, puis on revient ensemble à l’évêché, mais il ne comprend pas que nous n’y avons pas laissé nos affaires plutôt que d’aller nous installer à l’hôtel.

Il nous conduit à son bureau et nous attaquons les présentations et nouvelles d’usage। Il y aurait mille familles chaldéennes dans la région de Zakho et le Gouvernement s’occupant activement des minorités, il n’hésite pas à créer des comités mixtes chargés de faire avancer les choses. Mar Patros a lui-même participé à un groupe chargé d’améliorer les conditions de vie de la population, en collaboration avec un mollah et un juge.

Puis il nous demande si nous avons faim et si nous voulons boire quelque chose. Comme c’est l’heure effectivement de manger, c’est oui aux deux questions, mais je ne m’attendais pas à la bouteille de Chivas : pas la mignonette, celle d’un litre… qu’il a visiblement l’intention de caser dans nos trois verres.

Je prévois le coup et j’ajoute un maximum d’eau au mien, le remplissant à chaque gorgée histoire qu’il soit toujours plein, et je mange pour limiter les effets du whisky. Je me méfie des alcools forts et j’évite d’ailleurs de boire en voyage. Sandrine non et Monseigneur en rajoute en ouvrant une deuxième bouteille… là, ça déraille un peu. Je le trouve un peu trop tendre pour le peu de temps qu’on se connaît, et Sandrine dans un grand élan de compassion et de fraternité lui explique que je suis totalement athée, ce qui ne lui viendrait jamais à l’esprit dans un état normal.

Soirée placée donc sous le signe de la paix, de l’amour (des Kurdes), et du whisky. Monseigneur se lamente que nous ne voulons pas dormir ici et Sandrine le console que nous le ferons demain. Elle m’explique qu’elle est d’accord pour partir, mais qu’elle ne sait plus comment faire pour marcher droit : pas grave, on n’en est pas à notre coup d’essai, suffit qu’elle me donne la main et qu’elle me suive : je m’occupe du reste.

A l’hôtel, je demande si quelqu’un sait où trouver des clopes à cette heure, mais tout est fermé. Heureusement, entre fumeurs, il y a solidarité : un Kurde de Turquie avec qui je discute un moment me donne un paquet des siennes et refuse fermement que je le lui paie.

Je récupère Sandrine qui m’attend sagement assise sur un canapé et l’emmène se coucher. Elle s’endort immédiatement, j’espère juste qu’elle n’aura pas trop bobo crâne demain…

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