Serveurs

A Istanbul, il est possible de manger à n’importe quelle heure de la journée, un peu comme à Paris dans les brasseries, mais là, ce sont tous les restos qui restent ouverts. Avec ce que je mange comme poisson accompagné de roquette, soit il va me pousser de longues incisives, soit des nageoires !

La plupart du temps, l’un des serveurs se propose pour me préparer mon poisson. J’hésite toujours un peu (une expérience précédente m’a rendue méfiante), mais ces derniers temps, ils s’y prennent comme des chefs et ont la délicatesse de virer la tête : je ne supporte pas ces yeux vitreux qui me regardent d’un air accusateur…

Puisque j’en suis aux serveurs, je vais parler un peu de la gente masculine turque. J’entends évidemment par là tout citoyen dûment estampillé par la République de Turquie, vu que pour l’instant, je n’ai pas encore croisé de spécimen d’une ethnie susceptible de se différencier notablement des autres.

Je prends donc le risque - non négligeable - de me faire épingler par les féministes acharnées, mais désolée, les mâles sont naturellement plus nombreux dans mon environnement : promis, juré, c’est même pas de ma faute d’abord ! Que celles qui tiennent absolument à rétablir l’équilibre fassent leur part de boulot…

Donc, depuis que je peux communiquer un minimum en turc, non seulement ils sont toujours aussi empressés et serviables, mais en plus ils surenchérissent sur le mode admiratif ! Ca donne de longues discussions en turc et en anglais et on arrive à se dire pas mal de trucs : même au niveau politique, ils se braquent beaucoup moins.

Du coup, je n’ai jamais autant parlé anglais, d’autant que les 2 Indiennes et les 2 Américaines - avec qui je vais en cours et qui m’accompagnent de temps en temps au resto ou en visite - prétendent qu’elles me comprennent très bien, même Kat qui est prof. Toutes les 4 très simples et sympathiques (malgré le niveau de vie particulièrement élevé pour certaines, comme quoi…) et toutes anti-Bush !

Revenons aux serveurs (mais c’est valable aussi pour les autres). Les très rares occidentaux qu’ils ont rencontrés et qui apprenaient le turc avaient des raisons professionnelles (généralement des profs de langues étrangères en Turquie) ou étaient mariés à des Turcs. Ca ne vient visiblement à l’idée de personne d’apprendre le turc sans raison impérative. Du coup, je fais pratiquement partie de la famille et ils se mettent tous à patrouiller avec un petit sourire supérieur satisfait… Evidemment, ça se transforme rapidement en défilé incessant et si j’ai abandonné l’idée de pouvoir lire tranquillement au resto, je peux toujours me divertir du spectacle : même les petits jeunes les plus timides tiennent à venir me dire quelques mots… en se tortillant ! Le dernier qui est venu courageusement pour bégayer que j’étais çok çok güzel (au passage pour ceux qui ne me connaissent pas, en fait je suis tout à fait normale : eux, c’est moins sûr !), a voulu savoir mon âge… et a laissé échapper un «Oups» embarrassé à otuz yedi, avant de se reprendre en prétendant que lui avait 29 ans (à mon avis, au pire 19) : ça ne se fait pas de poser des questions indiscrètes à une nana qui pourrait être votre mère !

Avec tout ça, je n’éprouve pas la moindre nostalgie à l’évocation de nos serveurs parisiens… d’autant qu’ici, s’il n’y a personne pour veiller sur vous, c’est à eux de le faire ! C’est un véritable devoir de protection qui s’impose à tout mâle turc : donc, n’hésitez pas à avouer que oui, vous êtes seule (curieux comme ils sont, ça paraît difficile qu’ils ne posent pas au moins une fois la question) ; non seulement on s’occupera de vous comme d’une fragile petite chose, mais en plus la tranquillité est assurée. Votre protecteur improvisé (le plus âgé ou le plus gradé) ne laissera personne vous ennuyer, et son sens de l’honneur l’empêchera en prime de tenter quoi que ce soit !

Il est génial ce pays ! Non seulement ils sont d’une serviabilité exemplaire, mais en plus ils me donnent tous largement moins que mon âge (sont sincères, suffit de voir leur air confus). Au surplus, la mode squelettico-anorexique ne leur a pas encore chamboulé le cerveau (les femmes, notamment les plus jeunes, tentent elles de rattraper le retard qu’elles ont pris sur les Européennes dans le sacrifice de leurs hideuses rondeurs féminines…).

Question : ai-je une seule bonne raison de rentrer (même temporairement) à Paris ?

Article

Très bon article de Bernard Dorin (Ambassadeur) à lire impérativement pour tout comprendre sur La Turquie et le Kurdistan d’Irak et les - malheureusement très possibles - conséquences de la guerre pour les Kurdes.

Un peu de tourisme...

Les plans municipaux qui sont sensés vous aider à vous repérer n’indiquent pas toujours la rue que vous cherchez : par contre, ils n’hésitent pas à localiser les Mc Do ! Si vous êtes réellement perdu, continuez à marcher, vous finirez bien par arriver quelque part… Evitez la fatale erreur de demander votre chemin à un Turc, ça vous fera gagner pas mal de temps et de kilomètres, et faites une croix sur tout espoir d’être guidé par un taxi. Avec un peu de chance, ils savent à peu près où se situent les quartiers et les monuments que tout le monde demande, mais ce n’est pas garanti : samedi le mien a demandé à un commerçant où était Aya Sofya !

Sainte Sophie est incontournable bien qu’un peu chère comme beaucoup de monuments célèbres ici : 15 millions l’entrée et il faut payer la même somme à l’intérieur pour monter à l’étage (si vous êtes étudiants, n’oubliez pas votre carte, elle donne droit à des réductions) ! Pour les photos, je peux repasser : il y a un spectacle de danses turques le lendemain et ils sont en train de monter des sièges et l’estrade. Nef inaccessible et bien sûr ils évitent de prévenir à l’entrée : vu le prix, ça va très bien avec l’arnaque généralisée qui sévit à Sultan Ahmet !

Le palais englouti (citerne) est moins cher (8 millions) et ça vaut le coup d’aller voir ses 336 colonnes (je n’ai pas compté, mais je fais confiance à Rino qui explique tout bien dans son guide…). Petit reproche quand même, l’éclairage est médiocre et il faut prendre une douche pour atteindre les deux têtes de Medusa.

Toujours à Eminönü, pas loin des 2 obélisques, si vous ne tombez pas par hasard sur les ruines de l’hippodrome, ce n’est pas dramatique : vu le peu qui reste, je suis passée devant pas mal de fois sans noter qu’il y avait quelque chose à voir…

L’intérieur de la mosquée bleue est joliment touristique et le ticket qu’on vous tend en sortant si vous faites un don, il paraît que c’est un reçu qui peut servir à se faire rembourser par les impôts. En fait, le préposé remet aux touristes un papier qui a déjà servi et qui ne correspond pas à la somme réellement perçue : chacun se débrouille comme il peut…

A noter : jusqu’ici, le poisson le plus médiocre que j’ai trouvé, c’est dans le quartier ! Rapport qualité/prix à revoir, même si le cuisinier a fait un louable effort de présentation : concombre découpé en forme de cœur, rose-tomate et fleur-citon. Le serveur lui était plutôt sympa et pas rancunier (malgré ce qu’il s’est pris dans la tête pour avoir essayé de me refourguer la propagande officielle, j’ai une invitation en dehors du resto et sans drague). J’ai passé 2 heures à lui démonter la version turque actuelle de bourrage de crânes : 2 millions de Turkmènes à défendre impérativement au Kurdistan d’Irak (conseil : prendre des cours de math…), et les 2 villes pétrolières en territoire turc à récupérer (conseil bis : …et de géo). Après ça, j’ai embrayé sur le quartier où on ne peut pas faire 10 mètres sans être harponné par un rabatteur (c’est franchement lourd) et sur l’arnaque quasi institutionnelle qui y sévit et qui donne une très mauvaise image de la Turquie aux touristes. Côté taxi, à part de rares surprises (il en reste quand même qui répugnent à faire d’inutiles détours et qui refusent tout pourboire : si, si), il est conseillé de les éviter soigneusement dans les parages.

Divers…

Mais que peuvent bien raconter en ce moment les médias français ? Tout le monde a l’air de trouver dangereux d’être à Istanbul et me demande d’être prudente ?!? Même mon frangin s’inquiétait, c’est dire ! Il n’y a franchement pas de quoi, ici tout est calme et je n’ai pas encore rencontré de Turcs stressés à cause de la guerre... faut dire que Bagdad, ce n’est pas vraiment la porte à côté ! Il fait beau, tout le monde flâne, et gros avantage (pour moi), les touristes hésitent à prendre le risque - énorme ! - de s’aventurer aussi près du front !

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Message perso au petit malin qui me balance des mails signés «Anatolya Pretty» : J’ai un anti-virus et je n’ouvre de toute façon jamais les pièces jointes d’un expéditeur inconnu. Inutile donc d’insister bêtement, même en changeant de tactique plusieurs fois par jour !

Bon, à plus : vu l’heure, si je continue je vais bailler demain en cours et ça gâcherait mon mélodieux accent français. Sont quand même sympa. mes petits camarades de jeu : pas un pour ricaner (même discrètement) ou contredire la prof… même qu’ils approuvent chaleureusement en plus !

Quel KADEK ?

Ca y est, le soleil est enfin là ! Il fait encore un peu frais, principalement le soir, mais d’ici quelques jours je devrai pouvoir ranger mon blouson. J’ai été faire quelques photos dans le quartier du Balat. On s’y croirait en province : vie simple des quartiers défavorisés et accueil amical.

J’ai déjeuné (poisson, salade, soda, thé : 5 millions) sur un bateau fréquenté uniquement par les Turcs. Au bout de quelques minutes, 2 jeunes ont tenu à m’inviter à leur table : Kurdes évidemment (originaires de Siirt) et PKK ! Je me marre : je leur ai expliqué que maintenant il fallait dire KADEK, mais elles ne voyaient pas de quoi je voulais parler… Leur attachement à Ocalan ne fait d’ailleurs visiblement pas le poids devant leur dévotion pour Tarkan (on les comprend...) ! Bon signe ça : elles se disent PKK parce qu’on leur a dit qu’elles étaient PKK, mais n’ont qu’une très vague idée de ce que ça peut représenter…

J’ai aussi été faire un tour à Rustem pacha pour ses jolies faïences de Nicée, et dans les marchés environnants. Il y a plein de petits vendeurs de téléphones portables… et de viagra !

En parlant de viagra, je n’en suis pas encore à faire des mots comme ‘Cekoslovakialilastiramadiklarimizdan misiniz ?’, mais j’ai pu répondre à un Turc qui m’invitait à monter dans sa voiture, que je n’étais pas une Natasa (Natacha) ! Il est reparti précipitamment et passablement embarrassé sous les moqueries des passants ravis qu’une française remette un Turc à sa place dans sa langue maternelle. Dommage pour celles dont c’est le prénom, mais je leur conseille vivement d’en emprunter un autre ici, sous peine de confusion et de situations légèrement scabreuses…

Comme j’étais dans le coin, j’ai terminé la journée dans les jardins de la mosquée de Soliman. La mosquée du Magnifique est toujours aussi splendide : à ne surtout pas louper si vous passez dans le coin (la mosquée bleue tellement encensée par les guides touristiques peut attendre !).

Pour info, cette semaine l’euro valait 1.843.488 TL, soit 0.5621 euro pour un million de livres.

Hier, en sortant des cours, il y avait une manifestation anti-guerre. Rien de très impressionnant, et contrairement aux allégations du KADEK qui prétend toujours qu’il y a une forte mobilisation de ses troupes dans les manifs, aucune photo, ni aucun slogan en faveur d’Ocalan.

Le DEHAP n’a d’ailleurs pas franchement mobilisé : il y avait visiblement moins d’une soixantaine de militants de base de corvée… Les forces de l’ordre n’étaient pas non plus très nombreuses (on fait mieux à Paris) et avaient plutôt l’air en balade. Je ne voudrais pas avoir l’air de cafter, mais les bases arrières étaient surtout occupées à dévaliser un marchand de gâteaux ambulant…

Bonkör

Je n'y crois pas : les Turcs ont osé !

Je terminais tranquillement mes devoirs (au passage, j'en connais certains qui seraient aux anges de savoir que je rentre sagement en fin d'après midi pour travailler, plutôt que de traîner comme d'hab n'importe où à des heures pas possibles...) et vous savez sur quoi je tombe - enfin, à part sur le chat inconnu qui est passé par la terrasse pour s'installer tranquillement sur MON lit - ?

- Bonkör !

Sachant que le kör se prononce coeur, je vous laisse deviner la signification...

Bon allez, bonne nuit : ici, il est une heure de plus.

Tarkan et Monopoly stambouliote

Dans la série des inclassables ailleurs, je viens de m’acheter un CD de Tarkan (12 millions), histoire de me faire une opinion sur le chouchou de ces dames.

Je crois que je vais aussi me laisser tenter par un Monopoly d’ici. Ca peut être marrant et en plus, je voudrais vérifier s’ils prennent la peine d’imprimer de faux billets : vu le nombre de zéros et la valeur de la livre, ça devrait être plus rentable d’en fournir des vrais avec le jeu…

Divers

Un peu de tout en vrac : pas le temps de tout rattraper et aussi un peu la flemme !

Le Newroz qui est soit disant une fête turque depuis la nuit des temps est passé pratiquement inaperçu à Istanbul. En dehors des Kurdes, ça ne concerne visiblement pas grand monde ici ; pourquoi la Turquie tient-elle absolument à prétendre le contraire ? C’est aussi crédible que de prétendre entrer au Kurdistan d’Irak pour lutter contre le PKK, tout en le laissant prospérer en Turquie en préférant faire taire les politiques kurdes qui ont toujours refusé de le suivre…

Au fait à ce sujet, la Turquie a beaucoup insisté pour que le PKK/KADEK soit inscrit sur la liste européenne des organisations terroristes. Par contre, elle ne bouge visiblement pas beaucoup pour que les mesures qui accompagnent cette sanction et qui la rendraient efficace, comme le gel des avoirs, soient appliquées. J’ai manqué un épisode là ?

Istiklal avait un je-ne-sais-quoi de changé. En fait, renseignements pris, c’est la mairie du quartier qui a imposé à toutes les boutiques d’enlever leurs enseignes colorées et de les remplacer par des lettres dorées sur fond marron : ça fait plus mieux niveau standing…

Et puis, ça peut servir aux routards de le savoir : il y a une des deux lignes de métro qui va jusqu’à l’aéroport.

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Dans la rubrique communications, je remercie ceux qui m’envoient des messages pour m’engager à continuer à bosser mon turc : même anonymes, ça fait toujours plaisir ! A ce sujet, je ne vois pas pourquoi je serais la seule à ramer, donc je tiens à préciser que l’Institut français d’Istanbul organise des cours de français et que les tests sont prévus début avril pour les inscriptions…

Les journalistes, eux, se présentent : c’est fou comme ils sont généralement sous-informés. Par contre je me demande où certains ont pêché mon numéro de téléphone, et le mail qui m’a servi 2 mois il y a 4 ans !

Le téléphone ne chôme pas en ce moment : ça râle dans le Sud-Est qu’on est en mars. Dans certains coin, en mars et en été, il y a une tradition traditionnelle qu’il est de très mauvais goût de ne pas respecter : la venue de l’OFK ! Je suis obligée de mentir effrontément, prétendre que je ne comprends pas mes interlocuteurs et que je ne peux quitter Paris en ce moment… ce dont ils se foutent royalement d’ailleurs.

Avec les événements, les stats du site font des bonds en ce moment : presse, TV, gouvernements européens, armée américaine, et on a même eu le Vatican !

J’ai reçu un mail de Rino qui m’écrit que l’expo plait beaucoup à Annecy, mais qu’il s’est pris la tête avec l’accrochage. Là je ricane ! Je l’avais loyalement prévenu, mais il est parti confiant : l’Impérial Palace étant l’un des centres d’exposition les plus performants en France et disposant en conséquence d’un nombreux personnel, ça lui paraissait tout simple. Ouais, ça c’est quand on n’a jamais fait et encore, c’est moins galère que la préparation et l’encadrement ! Perso, il y a toujours un moment où je suis prête à tout envoyer bouler et où je me transforme en véritable petit monstre. Pour la préparation de celle-ci, j’ai eu moins d’une semaine, je n’étais déjà pas prête pour partir, et évidemment il me manquait une partie des tirages… Zen n’est pas franchement le terme adapté pour qualifier mon humeur avant mon départ ! C’est simple, même le PKK – qui y met pourtant de la bonne volonté - n’a jamais réussi à me faire perdre patience à ce point !

Pour en finir avec les communications, petit rectificatif sympa pour Géo. En fait, ils n’ont pas mis un lien juste sur le blog voyages, mais carrément sur le sommaire du site.

A oui, j’allais oublier un truc : prise d’un égarement aussi subit qu’inexplicable, j’ai acheté des cartes postales !!! Aussi, je tiens à préciser à leurs destinataires qu’il s’agit d’une mesure tout à fait exceptionnelle et qu’il est absolument hors de question de la considérer comme une tradition traditionnelle qui serait susceptible de se renouveler !

Adresses bouffe

En vrac, côté bouffe, quelques adresses :

Je vous ai déjà parlé du Barcelona (près de Galatasaray) pour les petits dej, mais on peut également y manger pour un prix tout à fait abordable : Istiklal Caddesi n° 246 – Beyoglu.

Pour un sandwich (au poulet ils sont pas mal, les chats ont adoré…) : Cafe Anatolia (place Taksim) : 2,250 millions.

Deux bons restos poisson toujours dans le coin :

Restaurant Degustasyon – Balik Pazari n° 41 (c’est le passage près du çiçek pasaji) à Beyoglu sur Istiklal. Calamars frits, rougets (excellents), une bière et un nes : 22 millions.

Le premier resto sur la droite dans le passage des fleurs (çiçek pasaji), je n’ai pas noté le nom, mais la déco (cave voûtée joliment aménagée pour les touristes) et le poisson méritent une visite. Moules farcies, maquereau, fromage et soda : 23 millions.

Si vous avez envie d’un chocolat chaud (il fait peut-être beau à Paris, mais ici on a des giboulées de neige, donc c’est de saison), il y a Le Bon près de la station Tünel. Avec des mini ekler – autant faire les choses correctement – 3,750 millions.

Pour pas cher, bon et typique, il y a Hala Manti dans la rue du musée des UFO (OVNI) – pas très loin de Galatasaray en remontant vers Taksim, c’est une petite rue sur la droite. Il faut dépasser le musée, prendre sur la gauche au bout de la rue et c’est à côté du marchand de légumes. Pas possible de se tromper, il y a 2 cuisinières qui font du pain kurde en vitrine. Les plats sont dans les 3 millions et l’assiette mixte (copieuse) est à 10 millions.

Pour continuer le régime basses calories, il est absolument indispensable de faire un tour chez Ozsüt à hauteur de la poste de galatasaray : leur çikolata sufle est divin avec de la glace (7,5 millions avec un café au lait).

Si vous avez encore un petit creux, Mado et ses glaces qui font l’unanimité vous tendent les bras juste à côté.

Dans le rayon spécialités, la confiserie Uç Yildiz – Dudu Odalari, sokak 15, Balik Pazari près de Galatasaray – est incontournable. Le patron parle français et propose de délicieuses confitures (avec des gros morceaux de fruits) dont une étonnante confiture au sucre. Ca se prépare à la base comme une confiture respectable, mais à la place des fruits, il faut mettre du sucre et ensuite «taper très fort le jus du sucre». Ca donne une pâte blanche très compacte à la vanille ou à la bergamote (3 millions les 250 g).

Toujours dans le Balik Pazari, on trouve du miel vendu avec les alvéoles : 20 millions les 250 g (il n’est pas en or, mais très parfumé et d’une consistance un peu craquante) et le fameux fromage tressé de Diyarbakir (très salé, mais marrant avec ses fibres) pour 3 millions la part.

Cours de turc

Je ne vous ai pas encore parlé des cours de turc. Pourtant, je n’ai jamais autant bossé un cours, et de langue en plus ! Les profs d’anglais qui ont vainement tenté pendant des années de m’intéresser au moins un minimum à leur discipline en seraient malades. Résultat, ça rentre très bien malgré la cadence soutenue. Faut dire qu’Esra (la prof) est particulièrement sympa et dynamique : faut au moins ça pour me tenir éveillée 4 heures de suite le matin, quand je me suis levée vers 6 ou 7 heures en m’étant couchée à 2 heures du mat.

Nous ne sommes que 6 (Stephen, 2 Américaines et 2 Indiennes) et il y en a trois qui ont déjà passablement décroché. Le turc n’est pas très complexe, mais il y a pas mal de choses à voir dans un temps relativement court (un mois pour le premier niveau en stage intensif, deux mois en cours normal). En fait, ça ressemble un peu à un jeu de construction genre Légo : faut emboîter les pièces les unes à la suite des autres. Evidemment, si il manque une pièce, ça s’écroule…

La principale difficulté c’est d’apprendre à prononcer (sans rire) des successions de syllabes peu habituelles en français. En primaire par exemple, on apprend généralement que le Y remplace 2 I : alors les premiers «iyiyim» (je vais bien)… Enfin, ça avance pas mal, d’autant qu’il y a un nombre de mots conséquent piqué au français. Rien qu’à les voir écrits, ça m'éclate : entre les Sanzelize (Champs-Elysées), les abajur, les teleskop et autres sato (château, mais ça se prononce pareil), les cours ne sont pas tristes, surtout quand on y rajoute des Türkiye’ye ou des Istanbul’da da (je sais, un rien m’amuse, mais j’ai toujours été bon public). D'ailleurs, je ne suis pas la seule : Rino qui est ici depuis 9 ans, et n'a donc pas l'excuse de la nouveauté, n'a pas résisté avant de partir à la tentation d'une séance de lecture de bouquins de cuisine... On est d'accord pour décerner la palme aux su ala krem !

Je suis aussi pas mal aidée par Esra que mon accent français amuse (qui moi ?) et qui n’hésite pas à me donner un coup de main pour les dictées : quand la place est libre, elle s’assoie à côté de moi et c’est tout juste si elle n’épelle pas les mots sur lesquels j’hésite.

Le favoritisme éhonté sévit d’ailleurs en dehors de la classe : le préposé au thé m’a expliqué que nous étions arkadas (serait pas kurde par hasard ?) et m’offre du thé qu’il apporte à ma table pendant que les autres font la queue derrière son comptoir pour payer le leur…

Avec tout ça et malgré un temps de sommeil de 6 heures en moyenne, j’ai une pêche d’enfer ! Quand je suis encore légèrement dans les brumes en partant le matin, la vieille dame de l’immeuble d’en face qui m’envoie des bisous tous les jours en me souhaitant une bonne journée se charge de les dissiper !

Hospitalité turque

Cette semaine a passé à une vitesse affolante et ce ne sont pas les photos qui m’ont pris du temps : entre le froid, le vent, la pluie, la grêle et pour finir la neige (qui ne tient pas, dommage, je n’aurais pas été contre une série blanche), je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de puiser dans ma réserve de pellicules !

J’ai quand même profité de quelques heures avec un peu de ciel bleu pour faire des clichés ultra touristiques de Sainte Sophie et de la mosquée bleue. Stephen, un allemand qui est en cours avec moi et qui s’ennuie l’après-midi pendant que son avocate de femme travaille, m’a accompagnée avec son appareil : très sympa de travailler à 2.

Dans un marché, un kurde expliquait à son copain d’un air entendu : «C’est l’amie des Kurdes…». Inconnu au bataillon. Mais où il m’a vue celui-là ?!? Je ne me balade pourtant pas avec une pancarte !

A la mosquée bleue, quatre Turcs se sont précipités pour me prendre en charge (visiblement, ils n’avaient rien à vendre), me montrer les moindres détails et snober Stephen après s’être assurés que ce n’était pas mon mari. En trois heures, j’ai bien reçu une bonne dizaine d’invitations… et lui autant de manifestations d’indifférence, limite méprisantes. Evidemment après ça, mon enthousiasme sur le sens de l’hospitalité turc le laisse légèrement sceptique.

Par contre, je suis un peu étonnée que certains n’aient pas été dérangés par sa présence pour m’aborder (tout juste s’ils ne l’ont pas viré) : en théorie, ça ne se fait pas. Va falloir que je révise mes théories à ce sujet, mais ça m’étonnerait qu’ils aient osé si j’avais été accompagnée par un Turc. Il faut dire qu’avec l’attitude particulièrement méfiante et agressive de mes chaperons habituels vis à vis de tout porteur d’hormones mâles, ça représente un risque conséquent. Ils sont même capables de vous envoyer vous coucher à 5 heures de l’après-midi (enfin, d’essayer) s’ils ne peuvent pas vous surveiller… Je sais, les femmes ont aussi des hormones masculines, mais il n’est absolument pas question que je leur avoue un truc pareil !

Carnet de voyages

Le site de Géo Magazine va mettre le blog voyages en lien dans sa rubrique "Carnets de voyages" : vu la qualité de Géo et la sélection qu'ils opèrent, ça fait plaisir d'avoir été retenu !

News

Un millier de soldats turcs sont entrés cette nuit dans le Kurdistan irakien, selon la télévision turque CNN-Turk. Ils doivent préparer un déploiement de plus grande ampleur, visant à prévenir le terrorisme kurde et filtrer le flux prévisible de réfugiés. Les soldats turcs sont entrés dans le nord de l'Irak contrôlé par les factions kurdes depuis la ville de Cukurca, située juste à la frontière turco-irakienne, selon CNN-Turk. L'état-major des armées a indiqué ne pas disposer d'information sur un tel mouvement de troupes. Les soldats turcs doivent préparer le terrain pour l'arrivée d'autres unités. Ankara affirme avoir besoin de déployer des troupes en Irak pour prévenir le terrorisme kurde et filtrer le flux prévisible de réfugiés vers son territoire qui suivra l'action militaire américano-britannique en Irak. Les Etats-Unis ont toutefois fait savoir à Ankara qu'ils ne verraient pas d'un bon oeil une intervention turque unilatérale de grande ampleur dans le nord de l'Irak, sous contrôle kurde, les autorités locales se méfiant des intentions turques (source : edicom.ch) No comment !

Bon Newroz

Pas franchement le temps en ce moment d’alimenter le blog, mais promis, je vais m’y mettre… En attendant, même si les circonstances ne sont pas vraiment idéales : je vous souhaite un bon Newroz à tous. Et plus particulièrement pour les Kurdes, tous mes voeux pour un (très proche) avenir meilleur.

Démographie fluctuante

J’ai retrouvé une gravure de la déesse serpent chez «Les Arts Turcs». Ici, elle s’appelle Sâhmaran, m’indique un Turc en ajoutant d’un air légèrement méprisant qu’elle n’est pas vraiment de la région… plutôt du Sud-Est.

Il m’amuse celui-là : blond au yeux bleus, mais persuadé qu’il est la parfaite incarnation de la race turque et de ses ancêtres des steppes ! Il m’apprend que le Newroz (ici on dit Nevroz : ça en dit déjà long) est une fête turque depuis la nuit des temps (les Iraniens et les Kurdes ne sont que de vulgaires copieurs) et tient à me préciser que les Kurdes ne sont pas plus de 6 millions en Turquie. Au passage, il y a probablement eu une hécatombe pendant notre conversation, puisque qu’il n’en trouve plus que 3 millions à la fin : encore plus rapide que la chute de la livre !

Dans le même temps, la population turkmène du Kurdistan d’Irak se reproduit à une vitesse phénomènale et passe à quelques millions de personnes en quelques minutes (en fait environ 8.000)... et il est de la plus extrême urgence d’aller la secourir pour la défendre contre les méchants Kurdes qui l’oppriment ! Il balaie les écoles, les 2 chaînes de télévision, les 12 partis politiques… et le fait que les Kurdes n’ont rien de tout cela en Turquie. Il y a plus vital : récupérer Kirkouk et Mossoul qui sont turques depuis toujours !!!

Bonjour la propagande ! Et pourtant, il a fait des études supérieures, parle plusieurs langues… Serait pas très «légèrement» sympathisant Loups Gris celui-là par hasard ?

Bon, on évite de se fâcher, et on commence par le plus simple : il veut bien reconnaître que le Sud-Est est particulièrement défavorisé et qu’il faudrait lui donner un coup de pouce. C’est déjà ça, mais il y a encore du boulot pour changer les mentalités, d’autant qu’avec la fermeture du HADEP, c’est loin d’être gagné ! Heureusement, il ne représente pas la majorité des Turcs, même si le discours nationaliste est parfois un peu lourd.

Ils peuvent être, par exemple, excellents pour le moral des voyageuses : serviables, naturellement galants et respectueux avec les femmes, ils se précipiteront toujours pour allumer votre cigarette – quitte à vous arracher votre briquet des mains – ça fait partie de la courtoisie élémentaire. De la drague un peu aussi, d’accord. Avec mes 2 paquets par jour (2.5 millions le paquet d’américaines), inutile de préciser que j’ai un succès fou !

En cas de léger blues, je vais vous donner un truc pour retrouver le sourire : plutôt que de vous précipiter sur des tranquillisants, jetez vous un regard dans un miroir. A tous les coups, vous avez droit à un çok güzel convaincu, ce qui est toujours salutaire pour l’égo, surtout quand ce crétin de miroir prétendait émettre un avis un peu moins catégorique ! Pour info, comme le voyage n’est pas remboursé par la sécu, vous pouvez toujours essayer en France : ça marche très bien aussi, même s’ils sont moins nombreux ; suffit simplement de faire une recherche Google pour les dénicher...

Chats

J’ai quitté l’hôtel, son chauffage anémique, et le réceptionniste de nuit qui se proposait pour des massages sensés passer mon rhume (!), pour m’installer chez Rino qui est parti assurer la quinzaine Turquie à l’Impérial Palace d’Annecy (et l’accrochage de mon expo par la même occasion). Appart très sympa, calme et clair (au 5e sans ascenseur quand même!) avec un vrai chauffage et de l’eau bouillante… ça va, j’avais de la biafine !

Ca change de ma petite chambre d’hôtel habituelle et ici, je ne dors pas seule : Kalu, Su et l'adorable Galata me tiennent compagnie. Les chats sont d’ailleurs prêts à tenir compagnie à tout ce qui est confortable et capable de câliner avant de dormir…

… J’en ai même un supplémentaire qui vient de rentrer par la terrasse pour se réchauffer et qui est sévèrement encadré par les propriétaires des lieux ! Habituellement, ils sont mignons comme tout, mais là, les trois matous ressemblent curieusement aux matons du PKK-KADEK ! Trois contre un et menaces à celui qui ne fait pas partie de la bande ! Va encore falloir mettre de l’ordre dans tout ça…

A part ça, la connexion chez Rino est nettement plus rapide que celle des internet-cafés du coin : dommage qu’elle oblige à relancer le PC toutes les 10 mn. Le clavier aussi est folklo : il ressemble à un clavier turc (QUERTY), mais en fait c'est un clavier français, ce qui est un peu long au début : il m’a fallu un temps fou pour retrouver le ç !

Plan bouffe et recette

Pas grand chose à raconter pour l’instant sur Istanbul, à part qu’il fait froid, gris, et qu’il pleut. Donc, je bosse et j’explore les restos. Pour ceux qui passeraient dans le coin, du côté d’Istiklal caddesi, il y a un excellent restaurant de poissons (accueil et déco sympas en prime) pas très loin du Pera Palas (Asmalimescit balikçisi : Sofyali sokak n° 5-A, Tünel – Beyoglu – Tel. 212 251 39 39). C’est un peu cher et il est préférable de réserver, surtout le week-end, mais c’est une bonne adresse... qui attire pas mal de Français ! Pour info, une eau gazeuse (soda), une entrée (saumon avec des câpres, des asperges, des haricots verts et de l’avocat frits, le tout accompagné de pain grillé et joliment présenté), un maquereau (poisson) et un café (turc) : 31 millions.

Il est possible dans le quartier de manger pour moins cher évidemment. Dans un salonu à une trentaine de mètres, par exemple. Une soupe de lentilles, un kebap avec du riz, une bouteille d’eau et un nes : 5,250 millions.

Toujours dans les salonu (ne vendent pas d’alcool) et près du lycée français de Galatasaray (en remontant sur la droite), le Konak salonu est grand et abordable. Un soda, des côtelettes d’agneau avec du blé concassé, et un nes : 8 millions.

Pour le petit dej sur Istiklal, il y a le Barcelona qui est sympa (toujours près du lycée, mais cette fois sur la gauche). Un petit pain, de l’eau et 2 cappuccino : 6 millions. Ils font restaurant et ont un large choix de gâteaux (je vous conseille leurs mini ekler au chocolat).

Par contre, le Taksim square café (sur la place Taksim), vous pouvez éviter : les prix sont pratiquement à multiplier par 2 et ils n'ont pas grand chose !

Pour continuer dans la bouffe, j’ai goûté de la gomme arabique : ça ressemble à de petites pierres transparentes, genre quartz jaune, et ça finit par se transformer en une sorte de chewing-gum.

Et pour finir pour aujourd’hui dans le même domaine, Gabi m’a donné une recette super simple, rapide à réaliser et réellement bonne :

- couper du blanc de poulet en gros dés ;

- saler et les mettre sur des petites brochettes en bois ;

- les rouler dans de la farine, puis dans un œuf battu et les passer dans une assiette de musli (pas sure de l’orthographe) ;

- cuire à la poêle dans un peu d’huile ;

- me prévenir que c’est juste une entrée !

News - Fermeture du HADEP

La Cour constitutionnelle turque a interdit le HADEP !

Les juges ont estimé (entre autres) que le HADEP agissait contre l'intégrité de la Turquie et de la nation en aidant le PKK et ont ordonné sa fermeture en vertu des articles 101 et 103 de la Loi sur les partis politiques, et des articles 68 et 69 de la Constitution.

La Cour a ordonné la saisie immédiate des avoirs du parti et a également interdit toutes activités politiques pendant cinq ans à 46 de ses membres : Murat Bozlak, Hikmet Fidan, Kemal Bulbul, Kemal Okutan, Kudret Gozutok, Esref Odabasi, Recep Doganer, Mehmet Satan, Hamit Geylani, Mehmet Selim Okcuoglu, Hayri Ates, Hasan Dogan, Mehmet Yucedag, Arif Atalay, Huseyin Duran, Ismail Minkara, Hamza Abay, Yilmaz Acikyuz, Muharrem Bulbul, Serhat Inan, Guven Ozata, Kadir Bedir, Haci Pamuk, Ismail Turap, Abuzer Aslan, Riza Kilinc, Sukru Karadag, Ramazan Sertkaya, Mehmet Mansur Resitoglu, Hediyetullah Ulgen, Mehmet Emin Bayar, Suzan Erdogan, Halime Koklutas, Mehmet Yardimciel, Semistan Agbaba, Zeki Kilicgedik, Sakine Berktas, Hasan Yildirim, Beser Kaplan, Hidir Berktas, Sabri Sel, Ferhat Avci, Yasar Ucar, Ali Gelgec, Veysel Turhan, et Abuzer Yavas.

La procédure avait été lancée en janvier 1999, alors que Murat Bozlak purgeait plusieurs années de prison, condamné après que des inconnus (jamais retrouvés malgré la présence sur place de nombreux policiers) aient remplacé le drapeau turc par celui du PKK, lors d’un congrès, et malgré l’interposition des dirigeants du HADEP. Il n’a été réélu que fin 2000 et a démissionné au 1er janvier dernier après une campagne de presse particulièrement agressive du PKK contre lui. On peut donc se poser des questions sur la motivation et les réels motifs de sa condamnation, d’autant que le président actuel et qui avait tenu ce poste jusque fin 2000 ne subit pas la même interdiction…

Cette décision ne joue pas en faveur de la demande d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne : la Commission européenne s'est d’ailleurs déclarée «particulièrement préoccupée» et le porte-parole du ministère de l'Intérieur grec, dont le pays assure actuellement la présidence de l'UE, a qualifié l'interdiction du HADEP d'événement «particulièrement négatif pour la normalisation de la vie politique et la consolidation des institutions démocratiques en Turquie».

Dans la foulée, une procédure d’interdiction a été lancée contre le DEHAP…

News

A part ça, les Turcs me prennent pour le bureau des réclamations : 3 m'ont déja demandé pourquoi la France n'investit plus ici pour diffuser sa culture comme elle le faisait avant. Résultat, ce sont les Américains qui prennent la place. Elle a une réponse la France ?

Comme prévu, Erdogan est 1er Ministre et la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Turquie dans le proces Ocalan, tout en précisant qu'on "ne peut prétendre qu'il existe des motifs sérieux de croire que le requérant risque d'être exécuté"... ce qui est loin d'être le cas des prisonniers du PKK/KADEK. Le recours déposé contre ses conditions de détention a été rejeté : on n'a pas fini d'entendre le parti pleurnicher...

A la recherche du temps perdu...

Trois jours que je remets a demain, et pas uniquement pour le blog : les photos c'est idem. Entre internet qui rame et le soleil qui n'est au rendez-vous que quand justement, j'ai autre chose a faire...

Comme il me faudrait 48 h par jour pour pouvoir tout boucler, on va résumer pour aujourd'hui. Alors, les cours intensifs, ben c'est intensif ! Le plus dur c'est d'essayer de rester éveillée pendant 4 h, apres s'être levée aux aurores : pour moi, 7 h c'est vraiment tres tres matinal. Ensuite, il faut tenter de caser minimum 2 heures dans la journée pour réviser, apprendre une cinquantaine de mots, et faire les devoirs parce que le lendemain il y a kontrol ! Heureusement, je suis tres largement soutenue par les réceptionnistes de l'hôtel. Ca amuse visiblement beaucoup Murat de me réveiller a 7 heures, mais il ne lésine pas sur les encouragements : il est persuadé qu'en quelques semaines je parlerai turc mieux que n'importe qui, y compris les Turcs évidemment. Les autres se sont fait une réunion pour compter combien de mots je connais et ont décidé que je parle tres bien, avec des regards menaçants aux éventuels contestataires...

Nurdogan m'a déja proposé d'aller interviewer un journaliste turc... dans sa langue maternelle !!! Heureusement, Rino est la pour remettre un peu d'ordre dans tout ça : lui, préfere me proposer de sécher, et comme il commence a connaitre mes faiblesses, il a l'argument massue (des photos que personne n'a...). Va falloir être héroique demain pour prendre la bonne direction !

En parlant de Rino, j'ai lu son guide sur Istanbul pour préparer mon parcours photos. Il est franchement excellent (le guide, pas Rino !). C'est une mine d'adresses sympas, de conseils pour sortir des sentiers battus, enfin bref, absolument a glisser dans ses bagages (d'autant que vu le prix, ça ne vaut franchement pas le coup de s'en priver : moins de 7,5 euros). Pour ceux qui seraient intéressés, ça s'appelle "Istanbul bien et pas cher" Night & day collection : la nouvelle édition sort en juin, et comme accessoirement une de mes photos doit être en couverture, je ne peux que vous conseiller de vous précipiter !

News

Aujourd'hui, il y a les élections législatives partielles a Siirt : d'apres la presse turque, il ne devrait pas y avoir de surprise : l'AKP devrait remporter les 3 sieges et Erdogan récupérer la place de 1er Ministre. ******** Et bonne nouvelle, demain je n'ai pas cours, c'est juste pour les formalités d'inscription : mon sommeil gagne donc un jour de sursis !

Istanbul

Le précieux Murat (réceptionniste), toujours fidele au poste, a téléphoné a la 2e boite de cours dont j'avais noté le numéro au dernier moment, pour le cas ou... La 1ere, malgré ses assurances et ses pas-de-probleme, m'a envoyé un mail la veille de mon départ pour me prévenir qu'ils n'avaient finalement pas de stage intensif l'apres-midi. Je suis furax ! Ça fait plus d'un mois qu'ils prétendent le contraire ! Furax, mais pas le choix : c'est idem pour l'autre.

Hier, completement HS : pas fait grand chose. Je me suis même endormie a 6 h, et si la faim ne m'avait pas poussée a me relever, j'aurais bien continué. La perspective de rougets frits a quand même réussi a me faire sortir, apres avoir enfilé sous-pull et collants : ça caille !

Gabi m'a lu le marc de café : ben, il était perplexe ! Ne connaissant rien a ma situation (a part que je fais de la photo), il y avait de quoi... Alors en résumé, il y aurait 2 groupes, opposés mais proches, et une situation bloquée depuis pas mal de temps. Le marc de café confirme que de toutes façons, je finirai par obtenir gain de cause (a bon entendeur...) et qu'il faut continuer a "leur" expliquer. A ma question : "Quoi ? Ils n'ont pas encore compris tous les verbes ?", réponse : "Non, tu dois leur enseigner quelque chose, mais en fait ça va se résoudre rapidement maintenant. Pour toi tout sera OK." J'attends maintenant les déclarations du PKK/KADEK qui ne devrait pas tarder a hurler que le marc de café fait partie du complot in-ter-na-tio-nal...

Sur Istiklal, il y a pas mal de monde encore a 1 h du mat, mais évidemment aucune nana seule, ce qui me vaut pas mal de regards interrogatifs. A l'hôtel, le réceptionniste de nuit (un nouveau) commence a me gonfler sérieusement avec ses compliments pas tres nets. S'il continue a insister lourdement qu'il est a ma disposition toute la nuit pour me monter tout ce que je veux (et visiblement, il est prêt a se dévouer pour m'apporter autre chose que du thé), il risque d'être tres légerement surpris de la réaction de la çok güzel kiz...

Le gérant (que personne n'avait prévenu de mon arrivée) avait l'air sidéré-crétin-ravi de me revoir, mais rien d'exceptionnel comparé a l'air stupéfait qu'il a eu en apprenant par Murat (air important de celui qui sait) que je venais pour apprendre le turc. Je l'ai croisé ce matin : visiblement, il ne s'en est toujours pas remis !

News

Ca va être gai le Newroz dans le Sud-Est : les Américains ont choisi Diyarbakir comme base pour leurs opérations aériennes et Mardin comme base terrestre logistique, les Turcs viennent d'envoyer un convoi de 300 véhicules militaires supplémentaires du côté de Silopi et le PKK/KADEK continue a s'approvisionner en armes...

Arrivée

Dans l'avion, mon voisin (Israelien) tient absolument a faire la causette sous le regard furibard de Mao, assis juste devant, qui ne peut s'empêcher de se retourner toutes les 5 minutes... A l'aéroport, ils demandent 1 euro pour l'utilisation du chariot a bagages. Ils ont installé un distributeur de billets dernier cri : écran tactile, instructions dans pas mal de langues (et bien rédigées pour une fois), mais le top, c'est les messages "Puis-je avoir le plaisir de vous rendre service ?" (ouais, j'ai pas eu de ticket), suivi de l'impression dudit ticket et d'un "C'est toujours un plaisir de vous rendre service"... Si le guichetier de ma banque habituelle pouvait être au moins a moitié aussi aimable et efficace ! A Istanbul, le temps est froid, nuageux et vraiment gris. En résumé : plus de neige (dommage pour les photos) et pas encore de soleil. Pour info, le taxi jusqu'a Galatasaray, c'est 13 millions (environ 0,58 euro le million). Le réceptionniste de l'hôtel est ravi de m'accueillir et me tend immédiatement la clé de "ma" chambre, apres m'avoir quand même fait remarquer que je suis en retard de 4 mois...

Départ

Avec l'expo a organiser a la derniere minute, ça a été la course toute la semaine (merci Rino !) : j'ai réussi a boucler par miracle (au détriment de mon précieux sommeil quand même) et en laissant de côté ce qui peut attendre (ma déclaration d'impôt notamment...)।

Prête a 9 h donc, accident a 9 h 30 (camion intact, mais on ne peut pas en dire autant de la voiture...)। Heureusement, il y a un taxi en vue : je laisse mon chauffeur remplir son constat et direction Orly.

Ah oui au fait, pour ceux que ça intéresserait, moi ça va bien, merci !

Il y a 4 comptoirs pour l'enregistrement des bagages, mais ils sont une cinquantaine a faire la queue au même... c'est gentil de leur part, comme ça je peux passer immédiatement juste a côté। Il ne me reste qu'un léger détail a régler : la nana me demande si j'ai un bagage a main. Ben oui, j'en ai même 3 ! J'en avoue 2, mais elle est formelle, c'est un seul. Je n'ai qu'a mettre l'étiquette sur le sac photos, ''ils ne diront rien pour votre sac a main''.

Sac a main qui est en fait a dos, plus le sac photos (presque 10 kg), plus un sac de marin pour le trépied, et il est hors de question que le matériel parte en soute। Bon, il n'y a plus qu'a rebaptiser le sac de marin "sac a main" et a tasser le sac a dos dedans... Faut juste penser a prendre l'air dégagé de la nana qui trimballe son petit sac ou il n'y a que son tube de rouge a levres et sa lime a ongles. J'ai a peine terminé qu'un jeune turc vient me demander si je vais a Istanbul ??? C'est pas vrai, ils ont des antennes !

Devant le controle de police, vu la foule, je préfere attendre un peu। Ça ne loupe jamais : une fois que tout le monde est entassé, ils ouvrent un guichet pour les Européens. Rapide en plus le guichet : suffit d'avoir un passeport ou une carte d'identité française a la main pour passer sans contrôle !

Mao (l'étudiant turc), lui, n'y échappera pas et devra remontrer patte blanche quelques minutes plus tard quand il croisera des contrôleurs volants...

Accents

C'est reparti pour le blog ! Histoire d'éviter les remarques acerbes dans les prochaines semaines, je tiens à rappeler pour ma défense que les claviers turcs ne comportent pas tous les accents - ou pas au bon endroit : faut les trouver, c'est tout mélangé ! - donc pour ceux qui ne pourraient s'en passer, voilà en prévision : à - â - ä - é - è - ê - ë - î - ï - ô - ö - û - ü - ù - ' - ` - ^ - ¨ - Il ne vous reste plus qu'à les insérer là où ça vous fera le plus plaisir !