31 août 2005

Istanbul

Une petite semaine entre potes, Fener (sous toutes les coutures) et course à l'avocat, un crétin d'ex-PKK s'étant permis d'utiliser une de mes photos pour la couverture de son bouquin. La contrefaçon qui n'est pas une première ici commerce sérieusement à me gonfler, d'autant que je ne tombe que sur un pourcentage infime !
Enfin bref, j'ai rendez-vous demain avec un avocat d'un grand cabinet... français.

25 août 2005

Retour à Istanbul

Je cherche un moment le palais des sénateurs (senato sarayi) avant de comprendre : à part le panneau qui l'indique, il n'y a plus rien à voir !

La Göl kapi est en ruines, mais la balade au bord du lac est calme et joliment aménagée. J'en profite avant d'aller à l'otogar (5 millions en taxi) en me promettant que je reviendrai avec du matériel en état de fonctionnement.

Il y a un départ immédiat pour Yalova (5 millions, 1 h) où je manque de peu le ferry pour Yenikapi (1 h, 10 millions). En attendant le suivant, je prends un döner/coca à l'embarcadère (8 millions). Le serveur veille sur mes sacs et vient me parler dès qu'il a quelques minutes libres... de Victor Hugo ! C'est la première fois : d'habitude, c'est Zidan ou Chirac qui font les frais de la conversation. Pour info, il n'y a aucun accès au pont du ferry pour les passagers et interdiction de fumer : ggrrr !

24 août 2005

Iznik

Re-malaise : ça devient de plus en plus fréquent et impossible de trouver un petit dej digne de ce nom dans le coin : ce n'est pas un kebap qui va me remettre en forme, déjà rien que l'odeur dès le matin !
Pas le courage de prendre les transports en commun avec 25 kg à porter, donc taxi jusqu'à l'otogar (16 millions) qui me laisse, contrairement à ce que je lui avait demandé, loin des mini bus. Heureusement, les Turcs sont sympas et un monsieur court pour m'aider sans que je n'ai rien demandé à personne.
Les mini bus sont ici nettement plus luxueux que dans les zones kurdes, comme d'ailleurs tout ce qui roule !
Bursa/Iznik (environ 1 h 10, 4 millions - Iznik 20.200 habitants).
L'hôtel Aydin est à côté de l'arrêt près de Aya Sofia. 35 millions, mais le standing est nettement plus élevé que d'habitude.
Iznik (ancienne Nicée) est une ville comme je les aime : verdoyante, entre modernité et ruines antiques, taille humaine, lac, alentours prospères (jamais autant vu d'oliviers).
J'ai pas mal de choses à voir :
- Aya Sofia : les structures extérieures sont relativement en bon état. Style typique des églises byzantines, Sinan aurait participé à sa transformation (entrée 5 millions).

- Mahmut çelebi camii (1442)

- Haci Özbek camii (m:1332)

- Seyh Kutbeddin (tombe construite par Candarli Ibrahim pasa pour Mehmed Muhyiddin Bin Kutbeddin-i Izniki mort en 1418)

- Lefke kapi

- II Murat hamami (Haci Hamza 500YY)

- çini firinlari

- les ramparts avec sur les portes des inscriptions en grec et des fresques bien conservées

- le théâtre antique : en ruines malheureusement et comme je suis encore sous le coup de celui d'Orange, moins d'intérêt que prévu

- le musée très bien restauré

- yesil cami (encore et toujours pas verte)

- Yakup celebi camii

- Kyrgyz turbe

Journée bien remplie, je reprends des forces avec une glace pêche/citron sur la terrasse de l'hôtel. Bon, elle n'a ni le goût de pêche et je cherche toujours celui du citron, mais de superbes couleurs qui ne doivent pas grand chose aux fruits !

Je tente ma chance au magasin photo en face, mais ils ne font pas de réparation. Ca désole le jeune vendeur qui me sort précautionneusement son propre boîtier Minolta et insiste pour me le prêter. Incroyable, alors que je viens de lui expliquer que j'en ai bousillé 2 en 48 h ! C'est vraiment gentil, mais avec la poisse que j'ai en ce moment, je préfère continuer avec celui qui me reste, plein de poussière cappadocienne, mais qui fonctionne encore.

Dîner en face de l'hôtel : excellente soupe de poisson pour 1,5 millions.

Ce matin, le réceptionniste a annoncé d'un air très fier à la cantonade que j'étais française, de Paris (le top quoi) et que je parlais turc : genre, mon hôtel ne reçoit pas n'importe qui ! Depuis, dès que je passe 5 mn sur la terrasse, c'est le défilé. Je peux toujours prétendre que je parle UN PEU turc, il y en a toujours un pour expliquer à qui veut l'entendre que je parle parfaitement... me feront toujours marrer !

Iznik mérite vraiment le détour même si elle n'a plus ses célèbres anciennes céramiques (Istanbul en est largement mieux lotie). Le commerce de reproductions artisanales a l'air de bien se porter, et les 2 petits bols que j'ai achetés sont mignons comme tout. Dommage de ne pouvoir rapporter de pièces plus conséquentes, mais je n'ai pas la place nécessaire dans mes sacs et je ne voudrai pas que de splendides reproductions arrivent à Paris dans le même état que mes appareils !

7 pellicules aujourd'hui alors que je n'ai pas l'impression d'avoir pris beaucoup... On s'habitue vite au confort du numérique qui permet de mitrailler et de sélectionner tranquillement après.

Va falloir que je ralentisse sérieusement si je veux tenir jusqu'à l'aéroport !

23 août 2005

Bursa

Arrivée à Bursa (1।195.000 habitants d'après un panneau) et taxi arnaque (15 millions) pour l'hôtel Günes. La chambre est petite (à peine la place pour mes sacs) mais propre et les sanitaires sont sur le palier.

Je commence par l'extérieur de l'ulu cami : elle est immense, je suis obligée de la photographier en kit !

La ville est grande, trop bruyante à mon goût, mais elle joue à fond la carte ottomane avec des monuments en excellent état।

La Gazi Orhan camii est sympa, mais toujours autant de circulation pas géniale pour les photos। Quitte à prendre un bain de foule, les bazars feront l'affaire : kapali çarsi, uzun çarsi, tuz çarsi...

Un tour à Yigit köhne camii avant d'aller au musée qui a l'air très intéressant, mais qui est évidemment fermé। Quelques photos à travers la grille, recharge du 500 SI et direction yesil cami (en fait blanche et non verte comme le suggère son nom ) et le célèbre yesil turbe (en fait bleu et non vert).

Un bruit sec et mou à la foi m'arrête : quelle nulle ! J'ai laissé le numérique sur mon sac photo en bandoulière pour recharger l'argentique et j'ai oublié de remettre la sangle à l'épaule... et mon nouveau joujou a fait un plongeon et atterri sur le bitume।

Le drame ! Un sélecteur sérieusement amoché et l'électronique en a pris un coup et me refuse toute collaboration...

Dej (iskender, coca, nes : 14 millions) dans un resto près des yesil, pendant lequel je tente de démonter l'appareil : impossible ! Malgré mes tournevis miniatures, c'est fou le nombre de vis que les ingénieurs sadiques de Minolta ont plantées dans le boîtier... j'abandonne, mais je n'ai plus le coeur de photographier।

Quelques photos quand même, mais sans conviction : 2 appareils HS en 48 h, ça fait un peu beaucoup et ça ne va pas être simple de terminer avec le seul qui soit encore intact. Je ne suis pas superstitieuse, mais j'ai du mal à me débarrasser de l'idée "pas deux sans trois"...

22 août 2005

Göreme

Départ prévu en fin de journée et rien à organiser : Ahmet s'est occupé de me réserver une place dans le bus et a envoyé son fils chercher mon billet, le tout gracieusement évidemment et en prime, il refuse énergiquement que je paie quoique ce soit pour mon séjour ! J'ai déjà parlé de l'hospitalité turque ?

Je vais faire un tour à Göreme (environ 5 km) en tentant de suivre ses indications, mais j'ai visiblement encore loupé une partie du parcours. Pas dramatique, les cheminées de fées, ça pousse partout dans le coin. Beaucoup comportent des grottes qui ont été occupées, mais les entrées sont trop hautes pour que je puisse y jeter un coup d'oeil.

Göreme est une petite ville touristique, donc évidemment plus chère que les villages du coin : bof, je préfère le charme plus typique et le calme de Cavusin. J'aurais dû prendre le car à 500 m de la pension, mais Ahmet m'accompagne en voiture à la station de Göreme. Comme nous n'avons pas eu beaucoup l'occasion de nous voir, ça nous permet de discuter un peu. Si il est bien plus indulgent que moi vis à vis des touristes, il partage mon opinion sur le manque de tact de certains. Je le console : ils ont l'air malin avec leur mini short qui met en valeur leurs cuisses écrevisses ! Adieux rapides à l'arrivée du car. Direction Bursa via Kayseri (19 h 30 à 7 h : 30 millions).

21 août 2005

Les vallées de çavusin

Aujourd'hui, vallée rose et vallée rouge, toujours avec les explications et les photos points de repère d'Ahmet, en plus le début du parcours est fléché।
Grimpette, grimpette, grimpette। J''essaie d'oublier un vertige naissant en croisant les doigts pour que ça ne s'aggrave pas, d'autant qu'il n'est pas question de demander de l'aide : pas un chat à l'horizon.
En voulant passer dans un tunnel étroit (de toute façon, il n'y a pas d'autre chemin), je rape un pare-soleil contre la paroi... ça ne fait que commencer !
Ce qui est galère c'est la poussière। La craie s'insinue partout et je passe un temps pas possible à nettoyer les objectifs, d'autant qu'avec le numérique ça ne pardonne pas : la haute résolution c'est valable aussi pour les défauts.
Arrivée à l'üzümlü kilise du 8e siècle (église avec du raisin), c'est fermé ainsi que la petite lokanta à côté।
Je continue sans me tromper pour une fois, jusqu'à un passage qui ne me dit rien du tout. Ils ont bien mis une corde, mais trop haute pour moi, et même sans matériel ça craint. J'essaie quand même en laissant le sac derrière... et me rattrape au dernier moment avant de faire un plongeon d'une dizaine de mètres.
Ouais, ben, demi-tour, parait qu'il y a 2 autres chemins en arrivant sur la gauche. Je fais donc des kilomètres de chemins sur la gauche qui ne mènent à rien : encore heureuse de retrouver l'église aux raisins !
Cette fois, la lokanta est ouverte et investie par des Français. Arrêt bouffe donc, et le gardien me donne les clés de l'église. Ici aussi, les fresques sont saccagées. Je lui explique le passage infranchissable (vertige, matériel), et sympa, il m'indique un chemin qui suit un cours d'eau pour rentrer.
En fait, ce n'est pas à côté mais dans l'ancien lit d'un torrent aux arrêtes aigues, avec tunnels, dont un de 37 m dans le noir total. J'utilise le flash pour me repérer et éviter une éventuelle chute, mais mon jean ne résiste pas à ce qui ressemble à de la pierre ponce !
Je suis obligée de laisser tomber le sac photo avant moi (impossible de sauter avec), ce qui vaudra au 800 SI (dont le miroir n'est plus là où il devrait être) un séjour dans les ateliers Minolta.
Aucune chance de rebrousser chemin, et brusquement 2 échelles à pic : mal fichues, en fer et la première en plein soleil, donc archi brûlante. J'ai des sueurs froides rien qu'à l'idée de descendre ces horreurs, d'autant que je ne vais pas laisser ici le matériel !
Une heure à pester contre le gardien de l'église qui m'a indiqué ce chemin après que je lui ai expliqué que j'avais le vertige et le matériel à transporter। Contre la Cappadoce, pleine de poussière et de chemins pas praticables et sans le moindre Kurde secourable. Contre l'autre naze qui m'a fait perdre 3 jours et empêchée de faire le parcours prévu : loin d'ici !
Je finis quand même par arriver entière, mais trop tard pour reprendre le trajet en sens inverse pour atteindre l'église aux pigeons dont le nom me plaisait bien।
Heureusement, la journée se termine agréablement, en compagnie de Français profs à Alep et d'un succulent dîner : toujours ça, et puis j'ai plein de chouettes photos !

20 août 2005

Cappadoce

Arrivée à Kayseri à 4 h au lieu de 5 h. Un homme envoie son fils pour m'aider à porter mon sac jusqu'à l'otogar. Je le remercie une fois à destination, mais il ne veut pas partir en me laissant seule dans la nuit : impossible de rassurer un Turc qui s'estime responsable de votre protection parce qu'il vient juste de vous donner un coup de main et qu'il n'y a personne d'autre pour veiller sur vous !
Heureusement, les agences commencent à ouvrir et à chercher les clients et mon accompagnateur peut partir après s'être assuré qu'il me laisse entre de bonnes mains. L'ambiance matinale d'aujourd'hui change agréablement de l'atmosphère de racisme palpable que j'avais détestée il y a 3 ans et où tous les transporteurs (taxis, dolmus...) de la ville semblaient s'être donné pour consigne de nous empêcher d'aller à Haci Bektas...
Par contre, j'ai du mal à piger leur turc et eux le mien : même kahvalti leur prend pas mal de temps !
Petit dej pas terrible à 6 YTL, mais j'ai 3 h d'attente à essayer de rester éveillée, puis finalement 4 h, le premier car pour çavusin étant complet.
Le préposé de l'agence est un peu lourd : il n'arrête pas de m'appeler askim ! La drague grossière avec des vues à très court terme dès le matin, c'est franchement gonflant !
Kayseri/çavusin : 7 YTL. Il n'y a qu'une heure de trajet, mais à priori pas de dolmus et un tarif unique jusqu'à Nevsehir.
La pension (In pension) n'est qu'à 500 m de l'arrêt, mais qu'est ce que les sacs sont lourds ! Le village a l'air charmant et la pension d'Ahmet toute mignonne et calme avec sa petite cour sous les vignes. J'ai a peine le temps de croiser Ahmet à qui j'ai passé un coup de fil hier pour lui dire que je débarquai : même pas l'air surpris alors que son invitation date quand même de plusieurs années ! Ca c'est l'hospitalité turque : la maison est toujours ouverte...
Balade splendide dans un silence enchanteur, mais malgré le parcours annoté et avec points de repère photographiés que laisse Ahmet à la disposition de ses visiteurs, j'ai dû me planter dès la sortie du vieux village : jamais trouvé la petite ville voisine dont il parle !
Dej/Goûter : 12,5 YTL (güveç, 2 coca, eau) au resto en face, avant d'aller visiter l'église troglodyte du 10e siècle à l'entrée du village (église de Nicephorus Phocas 963-969). La visite est à 4 YTL et comme toutes les églises de ce type dans le coin, c'est minuscule avec des fresques généralement saccagées.
Dîner super bon avec des produits locaux dans la cour. Trois couples de Français sympas avec des gosses (pour une fois bien élevés !) finissent leurs 10 jours de vacances à la pension.
Sont tous enchantés du séjour et de l'accueil, y compris les gosses, preuve qu'il y a tout à gagner à sortir du troupeau des TO aux offres alléchantes, mais qui en échange se rattraperont par des prestations standardisées orientées vers le remplissage de leurs caisses. Ici, c'est dîner en famille, sans l'ombre d'un marchand de tapis comme c'est le cas de la très commerciale Göreme...

19 août 2005

Batman

Batman avait eu la brillante idée en début d'année d'organiser le concours de Miss Hasankeyf। Comme prévu, la manifestation a été annulée faute de candidatures locales : si la municipalité organise l'année prochaine le concours de l'idée la plus naze, là c'est clair qu'elle n'aura que l'embarras du choix et que le conseil municipal remportera la palme haut la main !
Pour le festival de septembre, histoire de faire oublier le concert nullissime de l'année dernière, paraît qu'ils ont prévu la venue de Sivan Perwer ce qui serait sans aucun doute nettement plus palpitant। Reste à savoir si Sivan acceptera l'invitation, parce que outre les pressions qu'il risque de subir (et pas que du côté turc), il faut une bonne dose de courage pour venir à Batman : risque d'y mourir d'ennui extrêmement élevé !
Heureusement, pour tromper l'attente, je peux passer quelques heures à rattraper mon retard internet dans le bureau d'une amie de Nesrin : ça sauve !
Selim qui malgré ses recherches n'avait aucune nouvelle de son fils depuis plus de 7 ans, a reçu (comme par hasard !) un courrier un mois après que j'ai parlé de sa situation sur le blog। Courrier lui annonçant malheureusement la mort de son fils en juillet (ben voyons !), dans la guérilla.
Ca pue l'exécution par le parti cette histoire ! Détail bien pratique, difficile de reconnaître le corps d'un disparu depuis des années, d'autant qu'il se serait bêtement fait exploser tout seul avec une grenade (pas simple de recoller les morceaux)... très crédible qu'un guérilléro entraîné par 7 ans dans la montagne fasse une erreur de débutant, que sa famille n'ait jamais été au courant de son engagement et qu'à l'ère des portables, elle reçoive une lettre plusieurs mois après la date supposée de "l'accident" !
A part ça, la situation économique est toujours plus que préoccupante ici : quand le gouvernement va-t-il se décider à investir pour que ses citoyens puissent avoir une vie un minimum décente ? Entre les gosses qui n'iront jamais à l'école et tentent de survivre avec des petits boulots des rues, et ceux qui n'ont que le choix de faire les poubelles avant leur ramassage, il est plus qu'urgent d'agir !
Idem pour la possession de fusils qui circulent sans problème et ouvertement : c'est pour aider le PKK à faire sa loi ?
Batman/Kayseri : départ 5 h, 40 YTL, 12 h de trajet।
J'ai à peine le temps de voir le paysage et de constater que les cultures sont un peu plus diversifiées que l'année dernière : les trajets de nuit en car sont les seuls moments où je peux en profiter pour récupérer côté sommeil !

18 août 2005

Idil

Petit dej difficile à dénicher : comprennent pas "kahvalti" et répondent juste à "nerede" (où ?), ce qui fait que tout le monde m'indique que je suis à Idil ! Je suis sauvée par un jeune qui a une lueur quand je lui fais la liste de tout ce qu'on peut trouver au petit dej. Il m'accompagne dans une lokanta en étage non indiquée à l'extérieur.
C'est simple, mais copieux, bon et pas cher : thé, soda, pain, tomates, concombres, une assiette d'olives, une autre de fromage pour 3,5 YTL.
Je demande à des gosses de m'indiquer l'église de Meryem Ana mais je suis arrêtée en route par 3 femmes (2 musulmanes et une chrétienne) qui veulent absolument que je mange des figues qu'elles viennent de cueillir. Je n'essaie même pas de refuser et ça tombe bien, la chrétienne est gardienne des clés de l'église et envoie même chercher un jeune qui parle français.
Meryem Ana daterait de 57 et serait la deuxième église après celle de Saint Pierre à Antakya. Il reste à Idil 7 à 8 familles de syriaques orthodoxes et presque plus de catholiques, mais les exilés, la plupart en Europe, commencent à revenir.
Il y avait avant la guerre dans la région près de 700 familles et 120 d'entre elles envisagent de rentrer au pays.
Je loupe à quelques secondes le dolmus pour Midyat (4 YTL) et le bakkal à côté de la maison des enseignants m'installe au frais dans sa boutique pendant qu'il surveille l'arrivée du prochain. Il finit par décider de m'embarquer dans sa voiture avec un autre voyageur et nous accompagne jusqu'à l'arrêt officiel.
Le deuxième voyageur qui va comme moi jusqu'à Batman ne manque pas à la tradition kurde et comme je suis seule, s'autoproclame protecteur, porteur de sac, fournisseur d'eau et de clopes jusqu'à destination. Ca me fait toujours marrer quand on me prend pour une dingue de voyager seule dans la région : difficile d'avoir de gros problèmes quand tous les Kurdes surveillent !
Midyat/Batman : 5 YTL. Nesrin vient me chercher et m'embarque chez un glacier, avant d'aller chez elle où en attendant son mari (toubib très sympa) il faut manger une assiette de fruits... avant d'aller au resto !
En chemin, on passe chercher Selim très content de me revoir, mais qui déchante vite quand il me demande ce qu'on fait les prochains jours : je ne reste que 24 h !
Je ne suis passée à Batman que parce que j'avais prévenu que je venais pour Sophie qui à mieux à faire que de respecter ses engagements : bilan total, 3 jours de perdus à cause de sa malhonnêteté, ce qui m'empêche de faire Van et Ani comme prévu...

17 août 2005

Les meilleures choses ont une fin... pour l'instant !

On fait du peshmerga-stop pour rejoindre le bureau où deux jeunes sont désignés pour nous escorter.
Après un petit dej improvisé (sandwich tomate/concombre et bouillon de poulet) et un tour en ville, crapahutage dans le cours d'un ruisseau en pleine nature pour rejoindre les ruines de la medersa aperçue hier en contrebas.
J'en profite pour photographier Pingouin qui me suit depuis des années dans tous mes voyages et que j'ai immortalisé dans les situations les plus loufoques. Pour me rattraper de l'avoir oublié au fond de mon sac, je le fait poser dans les bras du peshmerga en uniforme : je ne sais pas lequel des deux fait le plus mascotte !
Départ pour Zakho : 60 dinars jusqu'à la frontière où l'on change de taxi. C'est le moment que choisit Tom pour s'apercevoir qu'il a oublié son numérique sur le siège du premier véhicule... il y a de quoi enrager !
Notre chauffeur lui demande d'aller plaider auprès de la jandarma responsable du contrôle des véhicules pour avoir l'autorisation de se mettre en tête de file. Evidemment, ce n'est pas en prétendant qu'on doit se rendre d'urgence à Diyarbakir que ça risque d'accélérer les choses (conseil : ne jamais écouter leurs brillantes idées) !
J'attends confortablement assise (plus sympa dans ce sens la douane) et je suis aux premières loges pour assister au démasquage d'un trafiquant kurde... de sucre ! Pourquoi diable cacher du sucre dans les phares et comment le contrôle (sommaire) a bien pu détecter ?!?
Le passeur en est quitte pour démonter ses phares et enlever les sacs litigieux avant de repartir, condamné à boire son thé sans sucre.
Notre taxi n'ayant pas beaucoup progressé dans la file d'attente, je mise sur la curiosité turque et sors une carte que j'étudie avec l'air tranquille de celle bien décidée à y passer son après-midi. Ca ne loupe pas : il faut à peine 2 minutes à un militaire pour venir se pencher sur moi et engager la conversation. Je lui explique que je vais en Cappadoce : il essaie d'intercéder en faveur Trabzon dont il est originaire, et décide que j'ai mieux à faire qu'à attendre et qu'il faut demander au taxi de doubler les autres voitures, ce qui nous fait gagner un temps appréciable.
C'est plus rapide d'obtenir le tampon d'entrée en Turquie que le tampon de sortie pour l'Irak. Pas d'une rapidité excessive, mais quand même plus simple. Je profite des différents allers/retours pour faire un passage à la boutique duty-free : 24 YTL la cartouche de Marlboro.
Petite formalité supplémentaire, il faut passer dans un bureau de santé pour obtenir un tampon garantissant qu'on n'a pas attrapé plein de vilaines maladies au Kurdistan !
A Silopi, Tom trouve un car qui part immédiatement pour Istanbul... qu'il croit ! En fait, il aura plusieurs changements en cours de route et n'atteindra sa destination qu'après une bonne trentaine d'heures...
Un car me dépose gratieusement à Cizre où le préposé du dolmus pour Idil me promet qu'il y en a ensuite un autre pour Midyat. Evidemment, à Idil, le dernier vient de partir et le chauffeur me propose de m'accompagner pour la modique somme de 50 YTL. Autant dormir ici plutôt qu'à Midyat qui n'est de toute façon pas ma destination.
Appel de Rino, légèrement inquiet : Nat alertée par la mise en sommeil du blog et ne pouvant me joindre sur mon portable (pas de relais au Kurdistan avec mon opérateur turc) cherche à obtenir de mes nouvelles. Parait qu'elle a téléphoné à l'hôtel à Diyarbakir où on lui a menti que j'étais partie à Mardin (le Bilen n'a évidemment pas pu la renseigner). Les années de répression ont laissé des traces et la loi du silence joue encore à fond : ne pas donner de renseignements à un inconnu est une règle basique toujours en vigueur.
Il y a de la place à l'ögretmenevi comme c'est généralement le cas en été quand les profs sont en vacances : 6,5 YTL la chambre, propre, spacieuse et avec douche. Après avoir aidé le réceptionniste à remplir ma fiche, je lui demande où je peux manger dans le coin. Il me propose de téléphoner pour commander un plat, puis se ravise : rien de mangeable dans tout Idil, il faut que je partage avec lui ce qu'il a apporté !
Je passe donc la soirée en parlottes avec lui et des visiteurs du lieu. Marrant, pas de mare ou de lac à première vue dans le coin, mais il y a de jolis petits crapauds qui squattent jusqu'au salon !

16 août 2005

Erbil - Amadiya

Nous retrouvons les gosses dans les ruelles de la citadelle। Il ne me faut pas longtemps pour réunir une jolie collection de portraits n'ayant aucun rapport avec le misérabilisme de mise en Europe quand il s'agit de montrer à quoi ressemblent les Kurdes.
Sont mignons comme tout, surtout quand l'un s'estime lésé parce qu'on l'a traitreusement oublié ! Là, ça prend l'air digne de celui à qui on ne la fait pas et ça se plante devant l'objectif jusqu'à réparation du préjudice par le photographe qui a manqué à son devoir !
Beaucoup de petites nanas réellement jolies, quant aux hommes, ils prennent prétexte de faire immortaliser le plus âgé du groupe pour être sur la photo।
Ici comme ailleurs, les Kurdes ne jugent pas utile de laisser d'adresse pour recevoir leur portrait : l'important, c'est qu'on les emporte un peu grâce aux appareils।
La mosquée est fermée : je me venge en mitraillant son minaret aux céramiques colorées et l'intérieur de l'ancien hammam qu'un des gamins vient de nous ouvrir.
Malheureusement, pas trop le temps de trainailler, notre chauffeur nous attend à l'hôtel। Direction Amadya par la route de Barzan sur les conseils de Saywan.
Effectivement, c'est beau ! Seul reproche, cette détestable habitude de balancer n'importe quoi n'importe où : ça serait pas mal de commencer à sensibiliser afin que tous les efforts entrepris pour rendre sa beauté au Kurdistan ne soient pas gachés par des monceaux de plastique en tous genres...
Arrivés à Amadya, on demande au chauffeur de nous conduire chez Mrg Raban, mais il convient visiblement de passer avant au bureau PDK où nous sommes reçus par Yusuf Ahmed, vétéran et principal responsable de la ville si on en juge par les salutations que viennent cérémonieusement lui adresser en quelques minutes une bonne cinquantaine d'habitants।
Il téléphone pour nous sans trop insister à Mrg Raban qui ayant fait l'erreur de ne pas décrocher immédiatement restera un illustre inconnu déclaré injoignable jusqu'à nouvel ordre।
Un peshmerga en civil nous fait visiter les lieux historiques de la petite ville।
Une ancienne porte de la ville est particulièrement intéressante et bien conservée, malgré une déco incomplète। Serpent, pattes de l'oiseau symbole du Badinan et je ne sais quoi qui me fait sortir le téléobjectif... chic alors ! La tête d'un prince guerrier ! Si le corps est approximativement reconstitué avec une armure pas tout à fait alignée, le visage est parfaitement visible. Entre cette porte et le cimetière de Salahadin, la chasse au trésor aura été fructueuse !
Au loin, une ancienne medersa que nous décidons de visiter demain।
Pour l'instant, la lumière baisse et nous avons peu de temps pour faire la mosquée dont le minaret a été abimé par des obus iraniens।
De retour au bureau, nous n'hésitons pas à faire coucou aux élégants villageois qui écoutent sagement un cours de politique assis dans le jardin : ça perturbe un peu le sérieux de l'assemblée, mais les circonstances n'étant pas courantes, personne ne sera privé de récréation।
Notre hôte nous invite à dîner à Sulav à quelques km et qui semble être l'endroit branché du coin। Plus assez de lumière pour le petit pont qui trone en haut des espaces aménagés, mais il me semble assez récent ou récemment trop restauré.
Repas kurde avec de l'excellente tête d'agneau, puis Yusuf nous annonce que finalement, il est préférable que nous dormions au motel, mieux que les bureaux du PDK। On passe donc reprendre nos sacs accompagnés par des peshmergas qui profitent de l'absence du chef pour lui piquer ses bonbons ! Je sais que ce n'est pas bien de cafter, mais ils sont vraiment trop drôles avec leurs airs de gamins chapardeurs déguisés en militaires !
Yusuf n'a jamais dû visiter le motel qui d'ailleurs était fermé : c'est crade ! Son propriétaire prétend que c'est très propre avec la conviction du marchand tentant de refourguer un tapis synthétique en le faisant passer pour de la pure soie. Comme je lui répète que son motel est un taudis, il tente de nous convaincre que pour le Kurdistan c'est très propre ! Pas question de laisser passer : son hôtel est crade, donc pas représentatif justement du Kurdistan ! Du coup, il consent quand même à nous envoyer des couvertures inutiles et un couvre-lit convenable... toujours ça de gagné, je me voyais mal dormir debout ou sur des draps plus que douteux !

15 août 2005

Salahadin

Au petit dej, Ahmet tient a me signaler qu'il m'a entendue tousser la première nuit et qu'il faut que j'arrête de fumer parce que depuis, son coeur est malheureux। Il veut aussi que je sache que Sophie est "na boch" (phonétique, mais ça veut dire pas bien) ce qui confirme qu'elle a réussi a se mettre tout le monde à dos en un temps reccord !
Khasro m'a répondu depuis sa lointaine Finlande qu'il fallait que j'appelle Ibrahim Hassan à Salahadin। Pendant que j'envoie Tom en mission, à table, l'autre mégalo continue à faire croire au moustachu qu'elle est responsable de nous et que c'est ok pour nous conduire où elle veut ! Pas besoin de comprendre parfaitement une langue pour piger certaines choses. Ils décident donc de nous reconduire à Zakho, histoire qu'on ne reste pas en zone PDK et qu'elle puisse rentrer en Turquie à temps pour être le 17 à Istanbul.
Là j'interviens qu'il est hors de question qu'elle décide de quoi que ce soit de notre programme, et elle ose me répondre que puisque c'est comme ça, elle n'est plus responsable de nous ! Visiblement, elle est tellement imbue de sa (très) petite personne qu'elle n'a toujours rien pigé au film ! Je préfère censurer ma réponse, mais pas difficile de deviner de quoi je lui conseille de s'occuper !
Les Kurdes prétendent qu'ils ne veulent pas me laisser de peur que je ne me fasse enlever par les islamistes : ça n'arrange pas son problème d'égo, personne ne s'inquiétant pour elle, tellement il est évident pour eux que les islamistes ne sont pas assez crétins pour s'encombrer d'une telle calamité !
Pendant qu'elle prend l'air pincé et furibard de la pétasse dans toute sa splendeur (dommage qu'elle n'ait aucun sens de la répartie, je suis en pleine forme), avec Tom on profite d'un instant d'inattention pour attraper nos sacs, arrêter un taxi et charger nos bagages en indiquant Salahadin au chauffeur.
Ce n'est pas un départ, mais une véritable fuite qu'Ahmet arrête en menaçant (de mort !) notre jeune chauffeur qui hésite et de sait plus à quel saint se vouer. Là, ce n'est plus de l'hospitalité, comme j'en avais la certitude depuis déjà un bon moment...
Heureusement, nos "hôtes" ne sont pas dans leur zone et donc sans arme (nous ne risquons rien, mais c'est moins garanti pour notre petit chauffeur). Après bien des hésitations, et ayant peur de nous conduire à destination, il accepte de nous déposer au bureau PDK le plus proche.
Il nous arrête en fait au Ministère de l'intérieur et explique la situation au garde à l'entrée avant de partir. Celui-ci est tellement plié de rire qu'il se fait remplacer pour nous accompagner : visiblement pas l'intention de perdre la moindre miette !
Au Ministère, c'est l'hilarité générale (2 Français qui ont faussé compagnie à l'UPK, c'est trop drôle) : on nous trouve un chauffeur pour Salahadin, et le garde de l'entrée qui tient à savoir la suite s'arrange pour être désigné accompagnateur... et préposé à la distribution de clopes et de coca pendant qu'il y est !
Au bureau de Salahadin, Ibrahim Hassan se fait expliquer les détails et nous organise la suite du programme : un chauffeur qui connait le coin pour la citadelle, la réservation d'un hôtel bien placé à Erbil pour le soir et un chauffeur pour Amadya (par la route de Barzan) qui viendra nous chercher demain midi।
La citadelle est à une vingtaine de km, mais il faut connaitre et la petite route de montagne est beaucoup plus longue que prévu। Le paysage est magnifique !
Il ne reste que quelques ruines de tours (ce qui me va déjà très bien), mais la surprise géniale et émouvante, c'est le petit cimetière : des tombes très anciennes, presque intactes et magnifiques !
Plein de détails que je n'avais jamais rencontrés jusqu'ici : des épées, des soleils, tout un tas de merveilles parfaitement lisibles...
J'aurais fait le voyage rien que pour ces photos !
En rentrant au bureau PDK, Ibrahim nous apprend amusé que l'UPK est passé déposer un "paquet" en notre absence et a exigé un reçu !
On est mort de rire ! Après avoir tout fait pour nous gacher notre voyage à son profit, la frustrée qui devait retourner à la frontière n'a même pas eu la dignité d'en rester là ! Il a fallu qu'elle nous suive ! On note au passage que l'UPK ne s'est pas fait prier pour la larguer en espérant faire profiter le PDK du poison!
Pas de chance pour elle, mais elle a fait le déplacement pour rien et n'a plus le pouvoir de nous gacher quoi que ce soit : le PDK l'a très courtoisement éconduite... Quand on connait l'hospitalité kurde, Ça laisse rêveur !

Note

Pour une fois que j`ai acces a Internet, j`ai oublie une partie de mes notes : rattrapage ulterieur prevu.
Ca va venir...

14 août 2005

Flagrant délit de crimes de lèse-majesté

Pendant que la journaliste de choc va interroger des femmes grévistes de la faim (projet de Constitution), nous allons faire un tour en ville. C'est poussiéreux, pas vraiment esthétique, mais nous n'avons pas le temps de voir grand chose : il faut retourner à l'hôtel pour aller chercher la "dame" qui est mécontente parce qu'elle vient de louper son sujet. A mon avis, les manifestantes ont préféré aller se faire une bouffe quand elles l'ont vue arriver !
Sur la route de Salahadin, arrêt photo au lac Dukan. Elle qui ne descend jamais de voiture pour s'intéresser au paysage (préfère lire son journal d'un air méprisant) sort un petit numérique pour faire des photos, comme elle a dû le faire à Hasankeyf, tout en prétendant avoir besoin des miennes à plusieurs reprises, alors que je ne lui ai jamais rien demandé : sur la parole des journalistes en général, je sais à quoi m'en tenir ! A part essayer de soutirer des infos et des contacts en prenant les autres pour des pigeons, pas la peine d'en attendre beaucoup plus !
La route de Salahadin est soit disant brusquement fermée (ben voyons !) et Ahmet referme désormais systématiquement ma fenêtre pour m'empêcher de photographier la zone outrageusement PDK que nous traversons.
On va donc à Erbil sans rien visiter au passage. La teigne qui ne digère pas que je ne lui ai pas apporté mes contacts sur un plateau continue a m'agresser à la moindre occasion.
Je mets donc les choses au point. Elle vient de nous faire perdre 24 h, et j'en perdrai au moins autant à Batman où j'ai prévenu à sa demande que je passerai pour la présenter (et où je suis donc obligée d'aller) : Madame ne peut plus y aller, elle doit à la date convenue accueillir un ami à Istanbul. Elle m'a fait louper Harput pour être à temps à son rendez-vous Hasankeyf où elle n'a pas jugé utile d'être : plus urgent d'aller rejoindre des amis que de respecter ses engagements. Quant à "ses" contacts qu'elle a reproché à Tom de vouloir utiliser, je lui rappelle d'où ils viennent : quand on n'est même pas capable de trouver le numéro du GRK à Paris, on évite de se la ramener !
Elle se défend par un "J'ai un article à rendre, c'est peut être vous qui allez le faire ?" sans envisager une fraction de seconde que ce n'est absolument pas notre problème, qu'on est là pour être avec les Kurdes et faire des photos du Kurdistan, et qu'elle justifie son salaire, fasse du crochet ou une tarte aux pommes, on s'en fout royalement !
Un "Exact, je ne ferai pas ton article : perso, j'évite de faire de la merde !" lui coupe le sifflet pour l'instant.
A Erbil, on file avec Tom à la citadelle. C'est plein de gosses craquants : j'en profite pour réclamer des bisous entre 2 photos.
L'attaché en communication, qui prétendait ne nous accorder que quelques minutes dans ce lieu de perdition, se triture la moustache d'un air impuissant !
Il nous a fait savoir que si on tenait à dormir ici, on devrait payer notre hôtel : ouf, on peut enfin aller changer de l'argent et donc retrouver notre indépendance !
Finalement, l'hôtel que nous choisissons ne leur convient pas : Ahmet vient nous chercher ! Ca sera plus facile de se tirer demain matin, donc, plus forcés qu'autre chose, on le suit à l'hôtel Avesta, UPK malgré la photo de Massoud Barzani dans le hall.
Vers minuit, on doit brusquement aller à la police pour obtenir un laissez-passer (qu'il ne viendra jamais à l'idée de personne de nous demander) et donc laisser en échange le papier reçu à la frontière qui lui est indispensable.
L'envoyée (plus que) spéciale du Monde retarde le départ pour surfer sur Internet. On patiente en dînant : ça l'arrange, elle préfère généralement manger seule, notre vue et celle des Kurdes lui coupant visiblement l'appétit ! Pendant qu'elle se met à son tour à table, j'en profite pour envoyer un SOS à Khasro, actuellement en Finlande et pas chez lui à Salahadin (mais toujours efficace), ce qui fait surgir l'image parfaite de la prétention frustrée qui laissant de côté son repas préfère venir me gonfler que je fais attendre tout le monde !
Je me marre : elle est persuadée que les Kurdes, conscients de son importance, se mettent en 4 rien que pour elle ! J'ai une autre théorie, dictée par une fréquentation assidue, concernant notre escorte : "amie Barzani, nous montrer nous mieux et voler à eux...".

13 août 2005

Mossoul

Ahmet roule comme un as de la cascade : 1 heure a me demander si on ne va pas finir par se prendre un des camions qui viennent en face... mais non, il assure !
A 8 h, on attend Abdulbari dans le jardin de sa maison dans une campagne calme et paisible. Il arrive avec un peu de retard pour nous apprendre que la situation est instable a Mossoul et veut savoir si on tient toujours a y aller malgré les combats et les risques d'attentat.
Je me sens en totale sécurité et je n'ai pas sacrifié de précieuses heures de sommeil pour faire demi-tour maintenant ; Tom n'hésite pas longtemps a céder aussi a la tentation.
J'ai droit a un foulard qui passe son temps a vivre sa vie, et Tom doit ranger ses lunettes de soleil et son khéfié. En gros, le moins possible de traces d'occidentalisation, les étrangers étant des cibles de choix.
Les uniformes aussi, ce qui explique que nos peshmergas portent une chemise par dessus : tout est pensé avec un professionnalisme qui en dit long sur l'efficacité de notre escorte. Chacun sa voiture pour diviser les risques, voitures banales et pas le confortable 4x4 d'hier qui attirerait l'attention.
Abulbari monte avec moi et prend la mitraillette qui était devant. Sur la route dont la premiere partie est sécurisée par des peshmergas (plusieurs contrôles sourires), il fait arrêter la voiture pour que je puisse photographier un ancien palais fortifié de Saddam. La réaction des 2 autres véhicules est instantanée et aurait constitué une protection efficace en cas de danger.
A l'approche de Mossoul, il se marre gentiment devant ma maladresse a essayer de donner un minimum de vraissemblance au foulard : j'arrive presque a m'étrangler avec tellement je suis douée !
Arrivés dans la ville, je prends un dérisoire petit chat mort, mais la zone est dangereuse et je dois planquer les appareils.
En descendant de voiture, j'ai a peine le temps de prendre trois photos avant de sentir la montée du malaise. Ca m'arrive souvent ces derniers temps, mais il suffit que je reste assise quelques secondes pour que ça passe. Le probleme c'est qu'ici je n'ai pas quelques secondes et que marcher encore quelques pas c'est l'évanouissement garanti ! Heureusement, Tom me prête une épaule secourable pendant que je peste intérieurement que j'aurais pu choisir un autre moment !
Je suis bientôt entourée de mitraillettes compatissantes surmontées de peshmergas légerement inquiets, avant de me retrouver un coca dans une main, une clope dans l'autre, et brusquement en pleine forme avec un UPK accroché a un bras via un tensiometre et qui répete "c'est bas, c'est bas" d'un air pénétré... aucune idée de mon niveau de tension et lui non plus je crois : savait juste qu'un tensiometre ça s'utilise dans ce genre de situation !
Dans la cour, il y a un trou provoqué par une grenade d'il y a 2 jours et des traces de balles sur les murs : souvenirs de l'attaque avortée ou le bras droit de Zarkaoui a rejoint son Allah sanguinaire (j'ai son camion en photo : du chartbé en charpie, pas de son dieu fou commanditaire !).
Dans les locaux de l'UPK, un journaliste assure des émissions de radio ou collaborent également des enfants et s'occupe d'une publication.
Nous passons pas mal de temps dans le bureau d'Abdulbari qui navigue entre administratif et réglage de questions cruciales comme s'assurer la collaboration de tribus. Je lui demande si il a un message. Si ça nous paraît simple et évident, ça n'a pas l'air d'aller de soi pour tout le monde : "Dites qu'il existe un pays, le Kurdistan, qui veut vivre en démocratie"...
Les peshmergas ne se font pas prier pour prendre la pose. J'en profite pour exiger des sourires a la place de l'air sérieux conventionnel : ils ne se le font pas dire 2 fois !
Nous sommes invités a prendre le thé a la caserne d'a côté, mais faut attendre un peu pour les photos : le commandant est parti se faire tout beau !
Ils sont tellement mignons et enthousiastes que c'est difficile d'imaginer qu'ils risquent leur vie tous les jours, quand ce n'est pas plusieurs fois par jour...
Apres un repas dans ce qui doit tenir lieu de mess des officiers, nous laissons Abdulbari qui n'a pas l'air de chômer pour partir avec Ahmet (notre chauffeur garde du corps) et un attaché en communication moustachu avec qui je ne me sens pas en phase des le début : c'est rare avec les Kurdes, mais ça arrive de temps en temps.
En chemin, on s'arrête pres d'un pont ou Tom en profite pour lachement m'abandonner pour aller se baigner avec des gosses, bientôt suivi par nos gardes qui n'attendaient qu'un signe de consentement de ma part... j'enrage de ne pouvoir les suivre, mais sans short, c'est trop limite.
Super journée ! ... jusqu'ici.
En repartant pour Duhok, appel de Sophie qui nous attend. En apprenant que nous sommes allés a Mossoul, elle s'exclame ne doutant visiblement de rien : "Super ! Vous m'avez fait un reportage alors ?". Sûr que je vais bosser gratuitement pour qu'elle n'ait plus qu'a signer !!!
Elle insiste pour aller a Suleymaniye. En fait, sa principale préoccupation c'est de rencontrer le PKK, alors que ça a été fait je ne sais combien de fois et que je peux lui réciter presque mot pour mot le discours propagande du groupe témoin que le parti met gracieusement a la disposition des journalistes crétins.
Elle est allée a Diyarbakir sans trouver le moindre contact : ça laisse plus que rêveur ! Elle compte donc sur les miens, mais je ne suis pas au Kurdistan pour l'aider a justifier ses notes de frais et faire de la pub aux adorateurs de l'Illuminé de l'humanité !
Tom m'apprend qu'elle a profité de parler arabe pour faire croire aux Kurdes que j'étais photographe du Monde et donc que je dépendais d'elle. La moutarde commence sérieusement a me monter au nez, d'autant qu'elle m'a demandé deux fois si elle pouvait demander a l'UPK et au PDK de lui faire rencontrer le PKK, que je lui ai répondu deux fois par la négative, explications a l'appui, et qu'elle a quand même été poser la question dans mon dos a l'UPK.
Elle s'est bien évidemment faite éconduire poliment (et passer pour une conne par la même occasion), mais prétendre par dessus le marché décider a ma place de mon programme, la, ma patience atteind ses limites !
Nous perdons donc un temps précieux (nous n'avons que 5 jours) pour aller dormir a Suleymaniye et irons demain a Salahadin, si elle ne vient pas encore foutre son bordel... d'autant qu'une intuition commence a me faire envisager que ça risque d'arranger nos accompagnateurs de faire semblant de croire a ses bobards, même si le moustachu est déja venu me confier qu'elle le fatiguait !

12 août 2005

Kurdistan... enfin !

En cherchant une carte de l'Irak dans une boutique, le vendeur nous propose un taxi gratuit. En fait, avec un petit aménagement du réservoir, le voyage approvisionnement en essence est tres largement amorti.
Notre chauffeur s'arrête plusieurs fois pour réparer sa voiture qui empeste tellement l'essence qu'exceptionnellement je m'abstiens d'allumer une clope !
Il fait une chaleur étouffante, une poussiere grise emplit l'air, et des kilometres de camions attendent de passer la frontiere. La zone est d'une pauvreté désespérante.
Notre chauffeur nous laisse a un petit abri thé pour aller remplir les premieres formalités : pas les dernieres ! 3 h 30 d'aller-retour dans différents bureaux pour avoir enfin le tampon de sortie, avec des douaniers méprisants et plus que désagréables.
Mon portable sonne. Un illustre inconnu me demande en anglais si je vais bien : je passe a Tom qui parle largement mieux que moi (pas difficile !) : on nous attend de l'autre côté de la frontiere.
On passe enfin : drapeau du Kurdistan en vue ! L'émotion me fait monter les larmes aux yeux : va falloir que je fasse gaffe a ne pas tourner midinette !
Entre les 2 frontieres, c'est le jour et la nuit. Ici, tout est accueillant, ça sourit de tous les côtés, et je suis tres agréablement surprise de la propreté et du bon goût qui regnent partout.
Ca se confirmera par la suite : les Kurdes ont bien bossé en un peu plus d'une décennie et réussi a faire un pays vraiment joli et agréable. Même si il y a encore du travail, les montagnes sont verdoyantes, les champs cultivés, les rues propres, les maisons de bon goût (ça change du kitsch turc) et sourtout, quel bonheur de les voir enfin chez eux, détendus et souriants.
Ici, ils ont su garder leur culture, tout en intégrant le modernisme. Dans les villages, de jolies paysannes ont conservé leur élégant costume traditionnel : un vrai régal que je consomme sans la moindre modération !
On file au bureau des relations publiques ou nous attend le PDK qui nous accompagne au pont de Zakho construit par Delal il y a 700 ou 800 ans.
Par un tour de passe-passe que je me promets d'éclaircir un de ces 4, c'est l'UPK qui nous accompagne a Duhok (environ 700.000 habitants).
La ville est moderne et sympa. Les keufs aux contrôles (qui consistent principalement a faire coucou avec un grand sourire) sont mignons comme tout : le Kurdistan a la police et l'armée les plus craquantes au monde (sans le moindre parti pris de ma part, promis, juré) !
Abdulbari (m. Alzebari, mais on va abréger) nous attend. Il dirige le bureau UPK de Mossoul et nous emmene dans une ancienne base militaire de Saddam, transformée en parc d'attraction : Dream city.
Je peste contre les journalistes qui arrivent ici avec des idées préconçues et la ferme intention de repartir avec : même pas foutus de voir ce qui creve les yeux, la misere et la guerre étant probablement plus rentables !
Dîner en famille au cercle des avocats dans un jardin a la fraicheur bienvenue.
Abdulbari ne croit pas un seul instant que ces féodaux du PDK soient pour quoi que ce soit dans notre présence ce soir. Ca confirme qu'il y a eu un cafouillage quelque part pour qu'apres un appel au bureau PDK d'Ankara (numéro donné par Saywan a Paris), nous soyons les invités de l'UPK...
Peu importe pour l'instant, la soirée est sympa et je peux poser en vrac toutes les questions que je veux.
Dans le désordre :
- Le symbole de l'oiseau (sacrifice) et du serpent (royaume) caractérise le courage et la ruse des Kurdes capables au besoin de se sacrifier pour leur peuple. En kurde, l'oiseau s'appelle anka, il se sacrifie pour ses petits, mais je vois mal le pélican représentatif ici, la mer étant un peu loin.
- Le salaire moyen au Kurdistan est de 200 dollars. Les militaires payés par le gouvernement central gagnent 300 dollars, les peshmergas rémunérés par les partis entre 170 et 200 dollars.
- Pour les revenus du pétrole, 5 % vont aux habitants, 60 % sont destinés au Kurdistan et 35 % au gouvernement iraquien. Les Kurdes demandent que les revenus soient proportionnels au pourcentage de la population et pensent que ça va être accepté puisque juste... je garde pour moi mes doutes sur le sujet.
- Les Kurdes des autres pays peuvent contacter le bureau de l'immigration si ils veulent s'installer ici. Seule condition, ne pas avoir participé a des actions terroristes.
Avant de partir a l'hôtel, en fait un chouette appartement que nous a fait réserver Abdulbari, il nous propose de l'accompagner demain a Mossoul. Tout est prévu pour notre sécurité, dans la limite du possible évidemment.
J'avais promis a Tom d'éviter les zones a risque, mais c'est trop tentant ! Il décide de suivre.
Ici, il est 2 h de plus qu'en France et donc une de plus qu'en Turquie.
Apres avoir préparé le matériel, il me reste 2 h a dormir : pas aujourd'hui que je vais rattraper un retard aussi chronique que le trou de la sécu !
Ahmet, notre chauffeur garde du corps, dort dans la piece a côté, Tom a une chambre avec un grand lit, et ma jolie chambre affiche une clim a 18 degrés ! Le tout est un peu superflu vu le peu de temps qu'on pourra en profiter, mais je peux recharger les batteries de tous mes appareils (prises aux normes GB généralement équipées d'adaptateurs).

11 août 2005

Citadelle

Entrée 2 YTL (la moitié pour les étudiants).
A peine arrivés, yasak ! Il y a des fouilles menées comme d'hab avec des méthodes plus que douteuses, donc interdit de passer sous les prétextes les plus divers. Une étudiante bénévole (dommage, Tom ne me l'a dit qu'apres), bornée comme ce n'est pas permis, de Silvan (ça doit expliquer), décide de nous maquer. Elle a de la chance qu'Assimil ne prévoit pas d'apprendre les insultes en turc, et que Tom ne juge pas utile de tout traduire : parait que malgré mes lacunes je suis quand même tres explicite.
On peut toujours redescendre demander l'autorisation a son prof (a priori le seul Turc injoignable par téléphone !), ce qui vu la chaleur est exclu, d'autant que je ne préfere pas l'avoir en face si c'est le sagouin responsable de la "restauration" du turbeh de Zeynal Bey !
En fait, ils ont peur que je photographie d'en haut les fouilles d'en bas, ce que j'ai fait hier excédée par les yasak de seconde zone.
Hors de question de ne pas avoir acces au bout du site, je suis venue pour ça : le reste, j'ai sous toutes les coutures, avant détérioration sous couvert de restauration.
On nous accompagne en espérant nous lasser, mais sans aucune chance de succes !
La bécasse de Silvan lache enfin prise, nous vouant aux chiens et aux scorpions, estimant que nous perdons notre temps, tout le site d'apres son jugement digne d'intérêt étant identique : si elle persiste dans ses études, elle devrait obtenir sans probleme une chaire a l'université de Konya !
Cette partie du site est géniale, mais la chaleur accablante. Tom me demande si il peut jouer les cabris et partir devant en reconnaissance pour voir si c'est intéressant et m'épargner la peine de monter dans le cas contraire.
En fait, il se transforme en chiot fou a la chasse au nonos : il part, s'exclame, revient me chercher, repart et gratouille la terre pour dénicher des tessons de poterie qu'il m'apporte... plus qu'a photographier ses trouvailles, a l'ombre et en fumant une clope !
Dommage qu'on manque d'eau. Je préconise de redescendre, mais même la langue pendante, le chiot fou veut encore aller faire un tour plus loin. J'attends en me disant que pour une fois il va peut-être revenir bredouille et calmé, jusqu'au "faut que tu vois ça, il y a un cimetiere !" fatidique. Bien obligée d'y aller, mais la prochaine fois, j'organise une chasse au puits !
La vue est somptueuse, le cimetiere majestueux et le silence envoutant, mais c'est les dernieres photos avant qu'on ne retrouve nos os blanchis mélangés a mes Minolta fondus !
En redescendant, plus personne évidemment pour interdire quoi que ce soit a ceux qui montent : ça, je l'aurais parié !
On s'arrête a la premiere boutique pour boire eau et coca sans s'arrêter : de vraies éponges ! Les gosses qui nous posent des questions en sont pour leurs frais : a part boire et grogner a la moindre tentative d'interruption, nous ne sommes plus capables de grand chose.
On redescend encore d'un cran pour une halte au café en face du motel. Sans signe annonciateur, c'est brusquement l'orage, et au moment ou je suggere de nous mettre a l'abri (et ou Tom me rassure que c'est sur le point de se calmer), une bourrasque plus violente nous asperge : plus qu'a démonter le matériel et a l'éponger !
Heureusement, ça ne dure pas longtemps. Sophie ayant téléphoné qu'elle sera en retard d'un jour, on décide de partir sans l'attendre, ce qui parait la surprendre, mais on n'est pas a sa disposition !
Midyat/Idil, Idil/Rien : plus de dolmus. Un particulier nous propose de nous servir de taxi collectif pour 5 YTL par personne (nous sommes 3) : c'est plus que correct pour aller a Cizre.
A l'arrivée, il veut négocier pour nous au Grand hôtel Honsar et comme prévu n'obtient rien (70 dollars), alors que nous avions réussi a négocier 200 F la double en 2002.
On trouve un autre hôtel, vielliot surtout apres le Honsar, a 35 YTL la double avec petit dej.

10 août 2005

Vous avez dit restauration ???

Sophie arrive vers 10 h et m'informe qu'elle a rendez-vous avec un archéologue ! Je lui suggere de plutôt aller voir le maire qui sera sans aucun doute plus renseigné que l'ouvrier qui joue les extras sur le chantier de fouilles, entre 2 autres petits boulots... bonjour le professionnalisme !
Tom arrive d'Istanbul apres avoir été trimballé a Urfa par un mystérieux détour de son car।
On négocie une chambre double (avec ouverture sur l'extérieur) pour 30 YTL। Le mec prétendait nous faire payer 3 lits, mais une menace d'aller dormir a Batman l'a rendu brusquement plus raisonnable.
A। Vahap Kusen, le maire DYP de Hasankeyf et enfant du pays, ne nous apporte pas beaucoup plus d'infos que je n'en avais déja, a part que le chomage est de 90 % dans le village. Il est tout a fait d'accord pour que toutes les bonnes volontés donne un coup de main pour sauver le site du barrage qui doit le faire disparaitre, et pour convaincre SIEMENS d'empêcher sa filiale d'investir : tous ses voeux accompagneront visiblement les initiatives, pendant qu'il continuera a se convaincre que Hasankeyf ne peut pas disparaitre...
Sophie part a Diyarbakir pour une conférence de presse que doit y donner Erdogan, déplacement parfaitement superflu : suffit de regarder la télé ou de lire les journaux, ce qu'elle fera d'ailleurs pour pondre son "article"।
Avec Tom, on fait un tour au site archéologique du village et je l'informe au passage que j'ai apris hier qu'il y aurait des scorpions mortels। Résultat, il n'arrête pas de voir des peaux de serpents, alors que je n'ai encore jamais vu la queue d'un seul dans la région et que mes seuls scorpions étaient stambouliotes.
Ensuite, direction le mausolée de Zeynal Bey dont la vue lointaine en dolmus m'a donné les pires craintes। Craintes confirmées ! L'université de Konya s'est chargée de la restauration : un massacre ! J'en pleurerais si je n'étais pas aussi furax ! Ces crétins ont creusé la base sur environ un metre pour y mettre une pierre blanche qui n'a rien a voir avec la matiere d'origine et qui est sensée prendre la couleur du turbeh au fil du temps... et faire pousser des céramiques pour remplacer celles saccagées aussi peut-être !
Diner paillotte avec de l'excellent poisson grillé. De petites chauves-souris font un véritable festin avec les insectes attirés par une ampoule proche de nous... si elles pouvaient aussi se charger des araignées au dessus de moi, ça serait parfait, d'autant que ça empêcherait Tom de ricaner dans sa barbichette !

09 août 2005

Hasankeyf

Tom arrive demain et Sophie (nouvelle correspondante du Monde) m'a laissé un message au motel. Elle est passée mais est partie dormir a Midyat avec des amis. Sympa, je n'ai pas fait Harput pour être aujourd'hui au rendez-vous qu'elle avait elle-même fixé !
Il ne reste qu'une chambre au motel (15 YTL), sans ouverture sur l'extérieur : évidemment, il y fait une chaleur insupportable.
Je dépose les sacs et file vers le pont, bientôt rejointe par une nuée de gosses qui veulent des stylos et du savon : aucune amélioration visible de la situation économique dans le coin...
Le Tigre a retrouvé une jolie couleur verte, mais pour combien de temps ?
Les gamins piaillent et surgissent de tous côtés. J'arrive en gros a suivre leur conversation, ce qui me permet de répartir les rôles, histoire de canaliser un peu leur énergie plus que débordante et de pouvoir bosser a peu pres tranquille. La plus grande est responsable du sac photo et a le droit de me guider, et en échange elle veille a la discipline. Ca fonctionne tres bien comme ça : les abla (grande soeur) surexcités se transforment miraculeusement en lütfen abla (s'il te plait grande soeur) respectueux... technique a retenir !
Ca va me faire tout drôle le jour ou les gosses laisseront tomber le abla pour le teyze (tante). A 40 piges, j'ai déja eu droit a un rab exceptionnel !
Au café sur la petite place, on vient me saluer et me demander des nouvelles : sympa ça !
Je prends 2 coca (2 YTL chaque), mais le serveur refuse que je paie la totalité, sous prétexte qu'on doit partager l'addition ! Il me précise a ma demande qu'en ce moment avec la chaleur (en fait, il ne fait pas chaud mais brulant), il n'y a aucun meilleur moment pour la citadelle... Pres de 50 degrés ou pas, il me faut pourtant le bout du site le plus éloigné que je n'ai pas encore. Je crois que je vais prendre le minimum de matériel pour pouvoir caser des bouteilles de survie !
Soirée italo-kurde a danser pres des paillottes. Un jeune ouvrier m'explique qu'il a rendez vous demain avec Sophie, mais que j'en sais plus que lui et que je pourrais lui donner des infos. Les Italiens ne connaissant pas les regles, des copains des Kurdes en profitent : je dois remettre plus que sérieusement en place mon cavalier qui a bien 20 ans de moins que moi... les mains baladeuses, ça n'a rien de traditionnel !

Diyarbakir

Coucher 2 h, lever a 6 h : fait trop chaud pour dormir ! Tout est chaud, meme aux heures fraiches, y compris les murs de la chambre, les serviettes de toilette, et l`eau pour la douche...
Petit dej en terrasse. Tout le monde vient me saluer avec de grands sourires : sont contents.
Autant prevenir tout de suite, la crise de gatisme risque d`etre aigue, d`autant qu`il y en a qui en plus d`afficher un sourire radieux, se mettent a chanter au lieu de dire bonjour !
Tour efficace avec le pseudo guide des monuments sur ma liste du jour :
- turbeh et mescid de Sari Saltuk baba
- eglise Meriem Ana batie sur un ancien temple du soleil (syriaque orthodoxe)
- Keci burcu : en 3 ans, la jolie chimere en a pris plein la tete
- buyuk kervansaray hotel
- remparts pour admirer la restauration à la kurde !
Tour au magasin de tapis ou il travaille ou je peux photographier 2 anciens tapis russes interessants. Ca fait un moment que je cherche a determiner son origine : bien qu`il pretende etre Kurde, ca ne colle pas.
Il me raconte qu`il n`est pas marie, alors qu`hier soir il portait une alliance. Il parle a tout le monde en turc, ce qui est loin d`etre le reflexe du coin. Il n`a ni le physique ni l`attitude d`un Kurde. La seule ville kurde qu`il connaisse c`est Mus (dont sa mere est originaire) et il fait multiplier par 2 les prix (coca, taxi...).
C`est au magasin de tapis que ca fait tilt. Son patron veut que j`aille visiter l`eglise chaldeenne et m`engage a faire tres attention de ne pas me faire voler... a croire que tous les arnaqueurs chaldeens de Diyarbakir veillent a ma securite : a leur profit bien sur !
Cout du pseudo guide, environ 12 YTL, soit moins que ce que j`aurais donne a un guide honnete, et dans la foulee j`ai en prime des cours de turc, un porteur de sac et surtout un gain de temps plus que bienvenu.
Dans le dolmus, je m`informe aupres de ma voisine sur le prix du trajet. Grondements de la presque totalite des passagers quand elle m`annonce 4 YTL pour Hasankeyf. Elle se justifie par un "mais c`est une etrangere !" et se prend immediatement un "pourquoi, tu es kurmandji toi ?" qui la laisse dans un silence prudent pendant tout le trajet (2,5 YTL).
Les Turcs qui trouvent tout a fait normal de faire payer plus cher les Europeens (et pas qu`un peu), se mettraient a coup sur a hurler au racisme si ils etaient taxes en Europe... y a encore du boulot !
Juste avant que je sorte du dolmus, elle se rend compte que j`ai parfaitement compris ses reflexions et se justifie betement en m`expliquant qu`elle ne savait pas que je parlais turc : je ne resiste pas au "je suis etrangere, mais je parle turc : ca fait combien ?"

08 août 2005

Palpitants les transports !

Taxi pour l'otogar toujours sans compteur ni arnaque (3 YTL).
Divrigi/Kengal : 83 km, 1 h 20, 5 YTL. Petit dej a Kengal (12.100 habitants prétend un panneau), apres avoir pris un billet pour Malatya (3 h, 10 YTL).
Aucun des préposés de la compagnie n'est visiblement capable de prévenir que le minibus est arrivé, et il faut se débrouiller avec les bagages et les mettre dans le coffre soi-même tellement ils sont léthargiques (une premiere en Turquie) !
Les billets n'assignant pas de numéro de place, je demande a un type de me laisser passer pour que je puisse accéder a celle qui est libre a côté de lui : tout juste si il ne fait pas un scandale a l'idée de la proximité d'une femelle ! Vu sa tronche, aucun risque que je lui saute dessus pendant le trajet, mais il préfere décamper...
Et laisser la place a une mere de famille et ses 2 gosses. Heureusement, la petite arrive a se caser ailleurs, mais reste la mere, son odeur et son fils... Elle estime vite que la chaleur lui permet d'enlever son manteau (sic) en toute décence, et la ça devient vite insoutenable !
Elle veut savoir si je parle turc : je préfere ne pas répondre et lui lancer un regard tres éloquent sur la distance a respecter, parce que bien évidemment, avec son moutard, elle s'étale pour mieux me coller ! Moutard qui se met bientôt a vomir consciencieusement les sucreries qu'il a ingurgitées avant de monter. Décidément, je les collectionne ! Ca m'était déja arrivé l'année derniere la puanteur sans complexe trempée de sueur (pas de la veille) et le chiard qui passe le trajet a gerber...
A l'arrivée, vu l'air alerte du préposé, je récupere seule les bagages avec 4 voies a traverser : 200 m de détour pour déposer les passagers a l'otogar, visiblement c'est trop demander, alors qu'on a joué les omnibus.
Au premier comptoir, on me jure que le prochain car est a 5 h et qu'il n'y en a pas d'autre avant, mais plus confortable, y a pas !
2 guichets plus loin, il y en a un qui part a 1 h 30 ( 15 YTL). A Diyarbakir, le chauffeur (de Bingol) me demande pourquoi je veux descendre. Pas question de monter dans un taxi qui va me prendre mes sous alors que lui peut m'accompagner a l'hôtel (Malkoç : toujours aussi usé mais sympa et propre, 12,5 YTL).
A l'internet café, un "ami guide" de l'hôtel vient me voir pour m'expliquer que si j'ai besoin de quoi que ce soit, il sera heureux de me rendre service. J'hésite a le classer dans la case mouchard ou pot de colle profiteur... probablement les 2.
Dans la rue et au resto, les clopes et les briquets se tendent, et je ne croise que des sourires accompagnés de petits mots de bienvenue.
Kahvalti (super bon) : fromage du coin, miel, olives, thé, eau (3,5 YTL).
Par le plus grand des hasards (ben voyons !), le "guide" passe par la et s'installe a ma table. Pose beaucoup trop de questions pour être clean celui-la ! J'évite la politique pour l'embarquer sur l'architecture et l'histoire de la région : si il a un rapport a faire, on risque de lui demander d'arrêter de fumer la moquette...
Il prétend évidemment ne pas parler un mot de français, mais laisse échapper un "on y va" qu'il justifie devant un regard ironique par l'obligation de connaitre 2 ou 3 mots pour vendre des tapis. Enfin bref, demain il me sert de guide "gracieux" pour que je puisse faire en un minimum de temps les sites que j'ai prévus de photographier.
A peine rentrée dans ma chambre, vers 1 h 30, et apres avoir répondu au bureau des réclamations (réception) qui ronchonne un ousktété, le téléphone sonne. 20 mn pour convaincre le réceptionniste que je n'ai pas soif, ni faim, que j'ai du boulot, une douche a prendre, et autre chose a faire que descendre tailler une bavette en pleine nuit. Il en conclut donc tres logiquement (logique kurde) qu'il doit venir avec moi a Hasankeyf !

07 août 2005

Divrigi

Départ 8 h 30 pour un petit dej dans une pastane (1 nes, 1 jus de cerises, 2 pogaca au fromage : 3 YTL) ou les infos télé diffusent l'enterrement d'un soldat victime du PKK। Ca pue le mélo et l'hystérie collective soigneusement mis en scene (exit la pudeur et la dignité) et nécessaires pour entretenir le racisme anti kurde ambiant.
Direction Ulu cami : ça grimpe sec et ça commence sérieusement a chauffer।
Je fais principalement du numérique, côté néga j'ai déja une belle collection de détails। C'est dimanche et l'hôpital est fermé et comme ce n'est pas l'heure de la priere, idem pour la mosquée.
Au moment ou je décide de rentrer rendre la clé de l'hôtel, un Stambouliote d'Eyüp engage la conversation... et le gardien me fait signe qu'il vient d'ouvrir l'hôpital et m'explique que je peux photographier। Evidemment, la seule chose que j'ai laissée a l'hôtel, c'est le flash !
Je n'aime toujours pas les touristes et je n'arrive toujours pas a piger comment ils peuvent arriver jusqu'ici en short, sans avoir remarqué que ce n'est absolument pas le style de la région। La ce sont des Italiens : ils font le tour de la petite merveille (inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO) en moins de 10 mn.
Le Stambouliote me propose d'aller nous promener dans le village avec sa voiture (neuve et climatisée) et de me ramener ensuite a l'hôtel. OK si il n'est pas pressé, le gardien vient de me faire signe qu'il va ouvrir la mosquée... sympa ça !
Je regrette franchement d'avoir laissé le flash, au point ou j'en suis côté kilos de matériel a trimballer.
Un groupe de beaufs, français cette fois, débarque, visiblement sans avoir compris qu'une mosquée est un lieu de culte ! Comme je parle turc avec le gardien, ça ne les effleure pas que je puisse les comprendre. Dommage, ça leur aurait peut-être évité de dire autant de conneries en si peu de temps.
Avec les cheveux couverts et les jambes par la même occasion, les Turcs ne me mettent pas dans la catégorie touriste de base. Résultat, je suis invitée a changer de zone et a photographier tout ce que je veux dans la partie réservée aux croyants.
Le Stambouliote que j'avais envoyé bouler parce qu'il voulait aller se promener tout de suite a finalement attendu. On va donc faire un tour, mais il tient a sa voiture et ça me gonfle prodigieusement de devoir le faire arrêter tous les 10 m... lui aussi visiblement vu qu'il veut qu'on aille manger.
Je sais que ça doit être particulierement rasoir de me suivre sans avoir les mêmes centres d'intérêt, mais je n'oblige personne ! En fait, il n'y a qu'avec les Kurdes qu'un tour photo c'est mieux accompagnée que seule. Ils cherchent tout ce qui pourrait m'intéresser, portent le matériel (comme ça sont sûrs que je ne risque pas de me tirer en douce), m'aident a monter et surtout a descendre, et sont contents pourvu que je sois contente : des Zamours... en ce qui concerne les photos !
Une fois largué le pot de colle (mais oui, je téléphone des que j'arrive a Istanbul), je renonce a appeler mes potes alévis d'hier. Je sais, ce n'est pas sympa, mais je suis déja a la bourre !
Direction la citadelle. Je prends le raccourci indiqué par un jeune ce matin. En chemin, des femmes me confirment qu'il y a bien un chemin... de moins en moins praticable, et le soleil ne fait pas semblant de cogner. J'espere que ça mene quelque part, parce que je me vois mal redescendre.
Ben non, a part à des chevres, je ne vois pas a qui peut servir le "chemin", et brusquement impossible de monter : encore moins de redescendre, surtout avec le vertige et 10 kg de matériel... et pas un chat a l'horizon !
Remettant a plus tard la réponse a "mais qu'est ce que je fous la ?", je mets une bonne heure a redescendre... sur les fesses, avec le poids du sac qui m'entraine et le télé qui empêche toute prise ! Heureusement que j'avais prévu de l'eau et le khéfié !
Tout ça pour apprendre qu'il n'existe aucun acces a la citadelle : on peut aller au pied des remparts, mais impossible d'atteindre le bâtiment qui m'a fait grimper pour rien. C'est malin d'avoir galéré et pris des risques pour des photos infaisables sans équipement d'alpiniste !
Je devais partir ce soir, mais j'ai trop besoin d'une douche...

06 août 2005

Gorges de l'Euphrate

Pas méchant le réceptionniste, mais pas tres malin : il me cherche depuis hier apres-midi l'horaire du train pour Divrigi. Compliqué, il y a une ligne ! Apres le petit dej (buffet sympa), je lui suggere d'appeler la gare...
Le train, il faut y penser, ici et a Sivas tout le monde prétend que d'Erzincan il faut obligatoirement retourner a Sivas pour prendre un car, soit 4 h et 15 YTL de plus pour perdre une journée.
Le train est a 2 h, mais entre glander en ville ou a la gare (7 YTL le taxi) autant changer un peu, d'autant qu'il y a un jardin et une ombre plus que bienvenue.
Côté sécurité, il y a pas mal d'uniformes : caserne proche et tentative PKK (avortée) de faire sauter un train... c'est d'ailleurs grace a ces abrutis que je me suis souvenu qu'il y avait un train dans les parages !
Toast mixte "saucisson" fromage : je ne vois pas pourquoi on ne pouvait pas me vendre du pain et du beyaz comme aux ouvriers du chantier d'a côté : ce n'est peut être pas assez sophistiqué pour une touriste, mais ça m'aurait évité le ketchup avec le fromage !
Train 4,250YTL, un peu moins de 4 heures. C'est une vieille micheline a compartiments ou les fenêtres rechignent a s'ouvrir : bonjour la chaleur ! Quand on a réussi a les amadouer, il y a plein d'avantages par rapport a un car : on peut bouger, fumer, faire des courants d'air et prendre des photos. Sans compter que c'est réellement bon marché.
Je ne regrette vraiment pas la balade, les paysages sont la plupart du temps déserts et splendides. Dommage que l'Euphrate soit boueux d'un bout a l'autre et passablement asséché.
A l'arrivée, taxi (3 YTL sans compteur et sans arnaque) pour l'hôtel Belediye. Pas tout jeune mais la chambre est grande, propre, et il y a de l'eau chaude. Belle vue sur ce qui reste de la citadelle ou un bâtiment haut perché semble en assez bon état. Le réceptionniste m'annonce 20 YTL la chambre et m'en demande 12 !
J'attrape le sac photo et me dirige vers la musique kurde (c'est la saison des mariages et des circoncisions, c'est la fête tous les jours ou presque). Pas le temps de faire 10 m, je me retrouve assise 1 verre de biere a la main et sur le point d'être kidnapée pour un köy du coin. Ca négocie ferme, mais j'arrive a garder ma liberté jusqu'a demain (famille de Kurdes alévis qui vomit le PKK d'entrée de jeu et sans savoir ce que j'en pense).

05 août 2005

Voir Erzincan et partir !

La clope a griller d'urgence m'a fait oublier de signaler un truc qui mérite de l'être pour une fois que ça arrive. Course en taxi pour 5,5 YTL : le chauffeur a refusé obstinément d'accepter plus de 5 YTL. D'habitude, c'est l'inverse, ils ont plutôt tendance a s'octroyer d'office la différence en guise de pourboire.
Pas croisé d'Européen depuis mon arrivée a Sivas, et euh, c'est une constatation plutôt agréable...
Une trentaine de photos d'Erzincan, je crois que je n'ai jamais fait moins (même pas sorti les argentiques). En l'absence de monument, dans une petite ville entourée de montagnes, toutes les vues se ressemblent : pas sure d'avoir assez pour une petite galerie !
Dîner en terrasse histoire de profiter un peu de la fraicheur de la soirée. Güveç (bon), coca light, soda, thé : 6,5 YTL.
Je dois gonfler les serveurs avec mes coca light. La plupart du temps, plutôt que de dire qu'il n'y a pas, ils font tous les bakkal du quartier. Le plus marrant, c'est quand ils me ramenent un pepsi d'un air craintif !
Impossible de leur faire comprendre que la marque n'a pas d'importance. Ils focalisent dessus (même quand j'ai dit cola et pas coca), alors que ce qui m'importe c'est que ce soit du light : avec la chaleur, j'en bois pas mal par jour et pas l'intention de doubler les kilos que m'ont fait prendre 9 mois d'inactivité physique parisienne.
Pour les clopes, c'est l'inverse : je tiens a la marque, mais ici, il faut préciser la taille. Si ils n'ont plus, ils sont capables de proposer tout leur stock... sauf les mêmes version longue !
Autre truc marrant : la langue. Ceux qui parlent anglais peuvent discuter longtemps avant de s'apercevoir que je leur réponds en turc... quand ils s'en aperçoivent ! Comique, surtout que la plupart du temps leur anglais est aussi miteux que le mien !

Erzincan

Sivas/Erzincan, 10 h 30, 4 h de trajet avec 1/2 heure d'arrêt ravitaillement, 240 km, 15 YTL. Belle route avec des petits villages aux toits en pente... et malheureusement en ferraille ! Erzincan (qui a le bout goût d'avoir des toits en tuiles) est une jolie petite ville entourée de montagnes, moderne, propre et prospere. Un peu trop moderne même : plusieurs tremblements de terre l'ont dévastée au XXe siecle, dont le dernier en 1992 et il ne reste rien des cités arménienne, seljoukide ou mongole.
Il y a pourtant eu une grande réunion a l'hôtel (Gülistan hôtel, 25 YTL soit environ 15 € avec petit dej apres négociation, récent et propre) pour me dénicher un morceau de vieille pierre a photographier, mais la ville n'a décidément rien pu sauver de son prestigieux passé. Il doit y avoir encore des petits villages pittoresques dans le coin, mais il faudrait un véhicule et je ne veux pas m'éterniser ici : l'Internet café est non fumeur (ce qui explique la brieveté de ce post) !

04 août 2005

Sivas

Apres presque 14 h de car, j'ai les muscles aussi froissés que ma chemisette et un mal fou a porter les sacs : 9 mois d'immobilité, ça laisse des traces !
Otel çakir (5 YTL le taxi pourboire compris) conseillé par le Lonely. Chambre petite, mais calme et propre pour 20 YTL y compris le petit dej : c'est affiché 25 YTL la single, mais je n'ai jamais vu dans le coin un prix affiché qui soit appliqué...
Arrêt bouffe : adana, salade, coca, nes, 6 YTL (moins de 4 €), c'est plus que raisonnable.
Sivas n'est pas hyper palpitante, mais beaucoup plus sympa sous le soleil et quand les circonstances n'obligent pas tous les chemins a y mener. Les gens aussi sont beaucoup plus ouverts et accueillants que la derniere fois.
Les principaux monuments sont dans ou proches du pac Selçuklu :
- La Bürüciye medresesi (1271) est en pleine restauration et donc inaccessible. A part le portail sculpté, rien a prendre aujourd'hui.
- çifte minare medresesi (1271/72) : a part les 2 minarets en brique a glaçures bleues et le portail toujours intéressant, rien n'a poussé depuis la derniere fois.
- Kale camii (1580) : petite et cachée par la végétation, et pas envie de faire l'intérieur.
- Sifaiye medresesi (1217/18) dont la cour abrite des petits cafés calmes en plein air, le mausolée de Sultan Kaykavus Ier avec sa façade joliment décorée, et les inévitables boutiques de souvenirs en tous genres.
- Ulu cami (1197) : pas plus envie de faire l'intérieur. A part le minaret toujours aussi penché, l'extérieur n'a pas beaucoup d'intérêt.
- Gök medrese : toujours fermée pour restauration (depuis 2000), mais contrairement a la derniere fois, elle agrave son cas avec une palissade en bois qui empêche tout acces et laisse seulement visibles les minarets.
- Kursunlu hani (1576) : peut être ottoman précise le Lonely malgré la tugra bien visible en façade. A part les lions affrontés, pas d'un grand intérêt : l'intérieur qui a subi une "restauration" abrite des ateliers de marbre.
- Mausolée d'Ahi Emir (1233) : sobre, pas de déco.
- Behram Pasa hamami : en tres bon état extérieur, toujours en activité, mais il fait trop chaud pour aller plus loin.
- Tas hani : XIXe, abrite principalement des magasins de chaussures et de bagages.
Bonne récolte de jolies vues au numérique : bien pratique de pouvoir visualiser et faire le ménage en fin de journée.
Dîner au Cimen kebap, qui pour se prétendre branché diffuse la musique de Ghost en fond sonore. Sis köfte/bulgur, coca, nes délayé dans du lait froid (un peu crétin le monsieur qui s'est fait expliquer 3 fois !) : 8 YTL.
L'Internet café dispose d'un haut débit (ça change) et les 2 jeunes qui le tiennent sont tres sympas, mais je préfere abréger : ils sont en train de me passer toutes les chansons françaises has been qu'ils ont en stock !

03 août 2005

Départ

Préparation précipitée ! J'aurai dû faire le linge hier soir, mais comme j'ai quitté les Petites Soeurs a plus de minuit, impossible de faire tourner la machine a cette heure sous peine de me faire huer par les voisins.
Comme d'hab, j'attends que l'appel a la priere m'envoie au dodo en pestant contre Rino qui a oublié une partie des pellicules, ce qui m'empêche de boucler au moins le sac photo.
Lever 9 h, machine, séchage heureusement ultra rapide sous un soleil de plomb, avant la corvée repassage : a 32 degrés et 90 % d'humidité, j'adore !
Taxi direction Fener pour aller copier les photos de la semaine sur le portable de Gabi qui se charge du transfert sur DVD, et récupération des pellicules manquantes (je vais encore me transformer en mulet !).
Re-taxi pour Cihangir avec un chauffeur qui pourrait réclamer sans probleme la palme de la crétinerie : sait pas ou est Cihangir ! Il prétend me déposer a Taksim et devant mon refus propose plein d'espoir Sultan Ahmet, soit completement a l'opposé !
En retard et en nage, je suis rarement charmante : le pseudo chauffeur l'apprend a ses dépends et préfere obéir sans broncher aux indications que je lui aboie.
En attendant Linda qui prend le relais chats, j'essaie de caser le minimum vital dans les sacs. Heureusement, elle est un peu en retard, ce qui me permet d'aller sécher sur la terrasse apres toutes ces gesticulations au pas de course !
Taxi pour l'otogar ( 15 YTL + 3 pour y avoir acces). Sivas Tur (45 YTL - 21 h 30 a 11 h). Comme ils gardent généralement les meilleures places (côté confort, pas sécurité) pour les derniers arrivés, je suis juste derriere le chauffeur et seule pendant 3 heures... avant qu'une gamine décide de venir s'installer a côté !

02 août 2005

Fener

Et églises orthodoxes du quartier... pour changer un peu !

01 août 2005

Patriarcat

Apres avoir complété pour la 100e fois (au moins !) ma collection sur Galata, vu l'heure on hésite un peu pour le Fener (Rino ayant une fois de plus décidé de ne m'épargner aucune pierre de son nouveau quartier de prédilection).
On tente le Patriarcat en essayant de ne pas trop se faire remarquer, les gardiens grecs étant ici généralement tres peu aimables quand il s'agit de visiter leurs lieux de culte (inutile de parler photos !). Les touristes grecs, eux, n'ont pas le moindre probleme même pour utiliser leur flash, mais évidemment un cerbere vient me gonfler alors que M. Konica-Minolta a gentiment pensé a protéger leurs icônes en me permettant d'augmenter la sensibilité de mon appareil.
Même dans la cour, on est maqué en permanence ! Avisant un groupe de Grecs qui attendent un appareil en main, Rino soupçonne la visite du Patriarche de Constantinople.
Pouvoir photographier le chef de file du monde orthodoxe, ça serait vraiment de la chance. Je passe donc le numérique a Rino avec mission de viser et d'appuyer sur le déclancheur autant qu'il peut, et vais me poster dans un autre coin de la cour.
Le temps passe et la lumiere baisse, ce qui va poser probleme a mon téléobjectif, mais inverser les appareils au dernier moment, c'est prendre le risque de ne rien avoir du tout. C'est quand la petite procession s'avance, que je m'avise que je n'ai pas la moindre idée a quoi ressemble le Patriarche : je vais avoir l'air crétin de mitrailler son chauffeur !
Minute de panique pour rien, l'attitude respectueuse de l'entourage de Bartholomé Ier ne laisse pas la place au doute... pas comme le couple télé-200 iso, d'autant que tout se passe tres vite.
Si j'ai de la chance, j'aurai un chouette portrait, le Patriarche s'étant tourné vers moi pour saluer (au passage, il a l'air nettement plus sympa que les matons des icônes), sinon, j'enragerai devant le flou d'un des seuls portraits loupés depuis mes débuts photo... enfin, un portrait que j'ai envie de réussir, parce que Tatie Danielle et ses potes en 2000 a l'Assemblée nationale, j'ai réussi a en faire 3 pellicules de caricatures !

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